Le Conseil d’Etat, saisi par trois parcs marins dont le Marineland d’Antibes, se prononcera mardi sur une éventuelle suspension d’un arrêté interministériel interdisant notamment la reproduction des dauphins et des orques en captivité.

Au-delà de cette décision, le Conseil se prononcera « après l’été » sur le fond des requêtes en annulation déposées par le Marineland et, conjointement, par le parc Astérix et le parc Planète sauvage de Port-Saint-Père (Loire-Atlantique), a précisé la juge des référés Emmanuelle Prada Bordenave au cours d’une audience lundi.

En vertu d’un arrêté paru le 6 mai au Journal Officiel, imposant des règles plus strictes aux delphinariums, « la reproduction des orques et des dauphins actuellement détenus en France est désormais interdite ».

Le texte, notamment signé par l’ex-ministre de l’Environnement Ségolène Royal, interdit aussi l’utilisation du chlore dans le traitement de l’eau.

« Ce qu’on nous propose aujourd’hui est, ni plus ni moins, sans le dire, la fermeture du parc Marineland », a affirmé Me Emmanuel Piwnica qui défend l’établissement d’Antibes.

L’interdiction de la reproduction, qui suppose soit des méthodes contraceptives, soit une interdiction des relations sexuelles, constitue « un sérieux problème de traitement cruel à animaux », a-t-il fait valoir. « Les dauphins sont sociables, les priver de sociabilité risque de les rendre extrêmement malheureux ».

Il a exclu toute séparation des mâles et femelles, mais aussi la contraception perpétuelle ou la chirurgie.

– Interdiction du chlore dans six mois –

Concernant le chlore, Me Piwnica a jugé son interdiction injustifiée d’un point de vue sanitaire et affirmé qu’« il n’y a pas de solution alternative aujourd’hui ».

L’avocat a par ailleurs contesté la compétence du ministre de l’Environnement à « prononcer une interdiction générale et absolue de toute forme de reproduction » et dénoncé « le caractère totalement excessif et contradictoire des termes » de l’arrêté.

Des représentants d’associations de défense des animaux, dont Sea Shepherd, One Voice ou Réseau-Cétacés, ont rappelé à l’audience que ‘depuis deux ans, dix cétacés sont décédés dans des parcs marins français’, dont un delphineau tout récemment au Parc Astérix.

Les dauphins ne pourront plus se reproduire mais « pourront toujours s’adonner aux joies de la sexualité« , ont-ils fait valoir. Selon eux, par ailleurs, des solutions alternatives au chlore existent.

Les représentants du ministère de la Transition écologique ont pour leur part évoqué la possibilité de dérogations, notamment à l’interdiction d’échanges d’animaux avec d’autres établissements.

Selon l’arrêté, « pour assurer la protection des espèces, améliorer le bien-être et supprimer la souffrance animale, la détention en captivité de spécimens de cétacés est interdite« , à l’exception des orques et des grands dauphins « régulièrement détenus à la date d’entrée en vigueur » de l’arrêté « au sein d’établissements dûment autorisés« . Cela signifie la fin des programmes d’échanges ou d’importation de ces animaux.

Les représentants du ministère ont précisé que l’interdiction du chlore entrerait en vigueur dans six mois, un délai jugé trop court par les delphinariums.

Les établissements ont six mois pour se conformer à l’arrêté, sauf pour les travaux de mise en conformité des bassins, qui devront être réalisés dans un délai de trois ans.

Les critiques se sont multipliées ces dernières années contre l’exploitation d’orques et de dauphins dans les parcs aquatiques, comme le Marineland d’Antibes, le plus grand parc d’attractions marin d’Europe.

Source : Sciences et avenir – Publié le 31 Juillet 2017
Crédit photo : AFP/Archives/VALERY HACHE

 

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