Est-ce qu’un narval, cétacé qui vit autour du cercle arctique, peut s’adapter aux eaux du Saint-Laurent ? La chose semble possible, puisqu’une « licorne des mers » aperçue l’été dernier vient tout juste d’être revue, en compagnie d’un groupe de bélugas.
Cette baleine à dents, dont la taille peut être similaire à celle du béluga, vit en petits groupes dans les eaux de l’Arctique canadien, ou encore au large du Groenland. L’estuaire du Saint-Laurent se trouve donc à des milliers de kilomètres de son habitat naturel.
Un narval adulte doté de la fameuse corne caractéristique de l’espèce a pourtant été aperçu dimanche, à l’embouchure du fjord du Saguenay, dans la région de Tadoussac. Cet animal a d’ailleurs été identifié par le Groupe de Recherche et d’Education sur les Mammifères Marins (GREMM) comme étant celui qui avait été vu à plusieurs reprises au cours de l’été 2016.
Observation surprenante
Selon ce qu’a indiqué le président du GREMM, Robert Michaud, le narval nageait en compagnie d’un groupe de bélugas, tout comme il le faisait l’an dernier. Son patron de coloration, tacheté noir, le distingue d’ailleurs clairement des bélugas adultes, d’un blanc immaculé.
Il semble donc avoir trouvé « une société d’accueil », a-t-il précisé lundi.
« Pour les chercheurs du GREMM qui étudient l’organisation sociale des bélugas, l’intégration d’un individu d’une autre espèce au sein des groupes sociaux que forment les bélugas soulève des questions passionnantes », a également fait valoir M. Michaud.
Les scientifiques ne savent toutefois pas pourquoi ce narval a décidé de s’installer dans le Saint-Laurent, parmi les bélugas.
Visiteurs inusités
Un narval avait déjà été observé par un chercheur le 25 août 2003, lors d’un survol aérien pour le dénombrement de bélugas réalisé par Pêches et Océans Canada, en plein coeur du parc marin, entre Les Bergeronnes et Tadoussac.
La population mondiale de narvals est estimée à environ 50 000 individus, mais elle montrerait des signes de déclins. Les bouleversements climatiques et les perturbations liées à l’activité humaine dans l’Arctique pourraient expliquer en partie les difficultés pour l’espèce.
Une autre espèce de mammifère marin de l’Arctique, le phoque barbu, a déjà été observée à quelques reprises dans le sud du Québec au cours des dernières années. Un phoque adulte, reconnaissable à ses grandes moustaches, a même passé presque une année complète dans la rivière Saint-Maurice, en amont de Trois-Rivières.