Décidée par le gouvernement chilien, votée par les habitants de l’île, l’aire marine protégée devient la plus grande d’Amérique Latine.
Quelle est la décision ?
Les habitants de l’île de Pâques ont approuvé la création d’une nouvelle aire marine protégée, la plus grande d’Amérique latine, a annoncé lundi 4 septembre le gouvernement chilien.
Lors d’une consultation populaire organisée dimanche 3 septembre, les habitants de l’île ont voté en faveur de cette zone marine d’une superficie de 720 000 kilomètres carrés autour de l’île appartenant au Chili.
L’annonce a été faite par le ministre de l’environnement Marcelo Mena, dans son intervention au Congrès des aires marines protégées IMPAC4, qui a démarré lundi 4 septembre à La Serena, au nord du pays. Cela « constitue la création de ce qui sera la plus grande aire marine côtière protégée d’Amérique latine », s’est-il félicité.
En octobre 2015, la présidente chilienne, Michelle Bachelet, avait déjà évoqué ce projet et l’avait soumis à un vote de la population de l’île.
Qu’est ce que l’île de Pâques ?
Les 163 kilomètres carrés de lande de cette île sont situés à 3 800 km des côtes du Chili, vers l’est, et à 4 200 km de Tahiti, vers l’ouest. La majorité des 7 000 habitants vit dans la capitale Hanga Roa. Un bon tiers de ces habitants sont des Rapa Nui, descendants de Polynésiens, le reste étant des Chiliens, des Espagnols ou même des Français, majoritairement employés dans le tourisme.
L’île est mondialement connue pour ses monumentales statues. 80 000 visiteurs ont arpenté l’île en 2014. Un parc national classé aussi au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1996 pour ses trésors archéologiques, occupe une bonne moitié des terres. Il est géré par l’État.
La pêche côtière reste une activité importante pour les habitants. Les eaux tropicales abritent des récifs de corail, dont certaines espèces sont uniques au monde en raison de l’isolement du lieu.
Les eaux autour de l’île de Pâques « sont d’une grande importance pour la ponte de nombreuses espèces, dont le thon, le requin, le marlin ou l’espadon », et « sa protection à grande échelle permettrait de préserver environ cent quarante-deux espèces introuvables ailleurs dans le monde », affirme The Pew Charitable Trusts.
Plusieurs menaces pèsent sur ce patrimoine, comme la surexploitation des ressources de pêche, le nombre croissant de touristes, l’acidification de l’océan et le changement climatique.
Autour de l’île de Pâques, les navires industriels sont chinois, espagnols, coréens, russes, indique la marine chilienne. Cette dernière mène une dizaine d’opérations de contrôle par an, mais il lui faut six jours de mer pour atteindre les côtes de l’île.
En quoi consiste la nouvelle aire marine protégée ?
Les aires marines protégées sont des zones où l’activité humaine est restreinte, voire interdite, afin de préserver les espèces animales présentes en raison de leur fragilité et de la richesse de leur biodiversité.
Dans la consultation, les habitants ont également approuvé l’administration conjointe de cette zone avec des représentants de l’État et voté pour que la pêche « soit effectuée uniquement de façon artisanale par le peuple Rapa Nui ».
« Cela a été un long processus et la lutte ne fait que commencer. En tant que peuple, nous lançons un cri, nous disons non à la pêche illégale, non à la pêche industrielle dans nos eaux, non à l’activité minière. Nous voulons être un exemple au niveau international », a commenté Poki Tane Haoa, représentant du gouvernement sur l’île de Pâques.
Le combat des Pascuans est relayé par des organisations philanthropiques comme la Fondation suisse Bertarelli et l’américaine The Pew Charitable Trusts.