Prendre un coffre est une opération qui peut s’avérer délicate, le vent, la houle peuvent être des facteurs de complication. Il faut maintenant ajouter le dauphin à la liste. Sortez votre gaffe.
L’histoire nous avait été racontée, mais elle semblait invraisemblable. Randy le dauphin, un vieux mâle solitaire reconnaissable par son encoche sur l’aileron, joue avec les plaisanciers qui veulent prendre un coffre. C’est une vieille connaissance, nous le croisons régulièrement en mer d’Iroise. La dernière fois sur l’île de Sein, il a joué avec notre annexe (lire : Ile de Sein, la rencontre avec Randy, le dauphin solitaire).
C’est par hasard, un peu contraint par un coup de vent que nous prenons le cap de Roscanvel – dans la rade de Brest – pour passer la nuit. L’abri est joli et protégé par vent d’ouest.
À 1/2 mille des coffres, Randy arrive. Cool, nous ne l’avions pas encore croisé cette année. C’est toujours un moment magique de croiser des dauphins. Il tourne autour du bateau, deux ou trois fois en sautant. Puis il prend rapidement la direction du port, et nous le perdons de vue.
Coup de vent, moteur démarré, voiles affalées, gaffe, amarres, crochet Winchard et bon grain. Bref, nous sommes parés à prendre notre coffre pour passer la nuit.
Tiens, Randy revient nous voir puis repart en direction d’un coffre. Là, c’est du grand spectacle : sur le dos, sur le ventre, dans les airs, il nous montre le coffre qu’il faut prendre… pas de doute. Approche en douceur pour profiter du show.
« Non, vous ne prendrez pas ma bouée » : c’est sans doute ce qu’il a dû penser. Éclaboussures, coup de tête, coup de queue, une vraie bataille navale pour gagner ce coffre. Impressionnant quand même, nous ressentions sa puissance dans les chocs, sa précision. Le combat a duré une trentaine de minutes, un vrai corps à corps avec un dauphin.
Et puis, nous nous sommes observés comme deux vieux copains. Il restait là, la tête hors de l’eau, à nous regarder avant de s’éloigner, doucement.
Autant pour nous, les êtres humains (il faut exclure les habitants des îles Féroé, vous l’auriez deviné), sommes comme des enfants lorsque nous voyons des dauphins, mais eux, à quoi peuvent-ils penser quand ils nous regardent ? C’est drôle un humain… ou pas !!
Merci à l’équipage de Garamathi pour les images.