Des scientifiques neo-zélandais ont étudié une nouvelle baleine à fanons archaïque, Toipahautea waitaki, qui vivait il y a environ 27,5 millions d’années.

Ces immenses mammifères glissent paresseusement sous la surface des eaux. De temps en temps, un souffle imposant, un dos rond qui se courbe au-dessus des vagues, un chant lancinant…. Le temps paraît n’avoir pas de prise sur les baleines, elles semblent venir du fond des âges. Mais de quand exactement ? Le professeur Ewan Fordyce et Cheng-Hsiu Tsai, de l’Université d’Otago (Nouvelle-Zélande), apportent un élément de réponse en décrivant une nouvelle baleine à fanons archaïque, Toipahautea waitaki, dans un article publié le 18 avril 2018 dans la revue scientifique Royal Society Open Science.

Cette nouvelle espèce disparue de baleine à fanons est basée sur un crâne et des os découverts il y a 30 ans au sein de la formation géologique fossilifère appelée “Kokoamu Greensand”, en Nouvelle-Zélande. Toipahautea waitaki vivait il y a environ 27,5 millions d’années. À cette époque, la Nouvelle-Zélande était un archipel entouré de mers peu profondes et pleines de vie.

La plus ancienne des baleines à fanons

C’est son âge qui rend Toipahautea waitaki remarquable. Elle est le fossile le plus proche de l’ancêtre commun de toutes les baleines à fanons vivantes comme les petits rorquals et les baleines franches. Bien qu’elle appartienne à une lignée qui n’a pas eu de descendance actuelle, ses restes permettent de mieux comprendre comment les baleines ont adopté, pour se nourrir, l’usage des fanons – sorte de peignes servant à filtrer l’eau et retenant dans la gueule des baleines krills et copépodes, petits poissons, calamars ou crustacés….

« Le crâne faisait environ 1 mètre de long et le corps environ 5 mètres, ce qui signifie que c’était une espèce relativement petite, dit le professeur Fordyce. Nous sommes à peu près sûrs que certaines espèces de baleines à fanons seront plus âgées que celles-ci, mais à l’heure actuelle, elle ancre la lignée des baleines à fanons à au moins 27,5 millions d’années. »

La présence d’un sillon pour l’artère alvéolaire supérieure sur la face ventrale du maxillaire et le mince maxillaire latéralement étendu indiquent la présence de fanons chez Toipahautea. Ses mâchoires longues et étroites étaient sans dents, ce qui suggère qu’elle se nourrissait de la même manière que les petits rorquals des temps modernes. Ce n’est pas le cas de toutes les baleines à fanons de son époque qui peuvent avoir des morphologies très disparates. Et en particulier certaines qui portaient et fanons et dents. Comme si elles n’avaient pas choisi entre deux modes d’alimentation et qu’elles avaient conservé les deux.

Entre deux spécialisations, un temps d’hésitation

L’hypothèse qu’adoptent les auteurs de la publication est que, lors de leur évolution, les mysticètes sont passés d’une stratégie d’alimentation spécialisée, prédatrice avec des dents, à une autre, tout aussi spécialisée, filtrage de l’eau par des fanons, en traversant une période plus généraliste et opportuniste où les mysticètes adoptent simultanément plusieurs stratégies alimentaires. Cette non-spécialisation, en diversifiant les sources de nourriture, a pu ainsi aider les premiers mysticètes à éviter une forte compétition écologique. Avant de se re-spécialiser, chacune dans sa niche écologique propre, évitant ainsi de se concurrencer frontalement.

Source : Sciences et avenir – Publié le 23 avril 2018
Photo de une : Pixabay

 

 

 

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