La fonte des glaces ouvre les eaux de l’Arctique à davantage de navires, et des chercheurs craignent que cela ne représente une menace pour les bélugas et les baleines boréales.
Lauren McWhinnie, de l’Université de Victoria, est l’auteure principale d’une nouvelle étude qui prévient qu’il n’est pas trop tard pour s’attaquer aux effets néfastes que pourrait avoir une navigation maritime plus intense sur l’environnement des baleines.
« Dans la plupart des cas on attend de combattre l’incendie quand vient le temps de protéger les animaux », a-t-elle déploré.
En d’autres mots, c’est seulement une fois qu’on constate un déclin visible des populations animales qu’on adopte des mesures pour les protéger de l’activité humaine, a-t-elle dit en entrevue.
« Mais ici, nous avons la chance d’apprendre, et pour une fois, j’espère que nous serons proactifs », a-t-elle ajouté.
L’équipe de Mme McWhinnie a examiné différentes stratégies de gestion des navires qui pourraient être adaptées dans l’Arctique. Les chercheurs ont étudié plus d’un millier d’aires maritimes protégées et identifié 14 outils, dans quatre catégories, qui seraient appropriés pour l’Arctique.
« Nous avons des outils spatiaux, des outils pour les navires, et des outils pour la surveillance et la sensibilisation, et notre étude conclut qu’on devrait utiliser une série d’outils, un provenant de chaque coffre, pour que ça soit efficace », a-t-elle expliqué.
L’étude a épluché des données satellitaires concernant le trafic maritime entre 2012 et 2016 dans l’est de la mer de Beaufort, à l’entrée du passage du Nord-Ouest, un des principaux corridors maritimes dans l’Arctique canadien.
La taille du passage permet à des navires plus gros de naviguer dans l’Arctique, ce qui est particulièrement problématique pour les baleines boréales.
« Une saison sans glace plus longue donne plus de temps à ces navires pour passer, et nous savons que c’est le type de navires, surtout en ce qui concerne les collisions, qui présente un danger pour les boréales », a précisé Mme McWhinnie.
L’étude, qui sera publiée le mois prochain par le journal scientifique Ocean and Coastal Management, explique que le réchauffement de l’Arctique modifie déjà la quantité et l’épaisseur de la glace arctique.
« La prolongation conséquente de la ‘saison’ des eaux libres » a plusieurs répercussions pour le trafic maritime et la vie marine, a dit la chercheuse. « Il y a un chevauchement spatial et temporel de la saison du trafic maritime et de la saison des baleines. »
Les mesures proposées pour protéger les baleines n’auraient un impact significatif que sur ces navires très gros et très rapides qui naviguent loin des côtes, plutôt que sur ces petits bateaux communautaires qui restent près des berges, selon l’étude.
Mme McWhinnie ajoute que le problème du bruit ne touche pas seulement les baleines, mais toutes les créatures de l’Arctique qui utilisent l’écholocalisation pour communiquer et trouver leur nourriture.
« Ces changements (environnementaux) vont potentiellement toucher tout un écosystème, avec la glace marine et le réchauffement de l’eau, mais le trafic maritime est un problème très accessible », a-t-elle dit.
Elle ajoute qu’il est difficile de déterminer de combien de temps on dispose encore pour protéger la faune marine de l’Arctique, puisque les différents modèles informatiques ne s’entendent pas.
Des chercheurs de la Société de conservation de la faune du Canada ont également participé à cette étude.
Source : Huffington Post Quebec – Publié le 04 mai 2018
Image de une : Pixabay