Après cinq jours d’agonie, un globicéphale vient de succomber, en Thaïlande, a un empoisonnement par des déchets plastiques. Malgré tous les efforts mis en oeuvre par les vétérinaires locaux pour le sauver, l’animal n’a pas pu faire face aux près de 8 kilogrammes de sacs plastiques accumulés dans son estomac.

C’est une terrible loi des séries qui semble frapper les mammifères marins du monde entier. Alors qu’un cachalot s’échouait en février dernier sur une plage du Sud de l’Espagne, empoisonné par les quelques 30 kilogrammes de plastique retrouvés dans son estomac, c’est aujourd’hui en Thaïlande qu’un autre cétacé vient d’être victime de l’invasion des océans par les déchets.

Au début de la semaine dernière, secouristes et vétérinaires ont uni leurs efforts pour tenter de sauver un globicéphale en plein agonie dans un canal thaïlandais proche de la frontière avec la Malaisie.

Affamé, l’animal peinait à respirer et à nager. Les équipes de secours ont disposé une série de bouées autour de son corps tremblant afin de le maintenir à la surface. Des parasols déployés au dessus de lui le protégeaient également de la chaleur. Mais malgré cinq jours d’efforts et d’incertitude, les secouristes n’ont pu que constater la mort du cétacé. En cause : rien de moins que 7,7 kilogrammes de déchets plastiques.

Une autopsie aussi révélatrice qu’alarmante

C’est en effet cette incroyable quantité de résidus que les vétérinaires ont découverte dans l’estomac du globicéphale au cours d’une autopsie dont les images effrayantes ont été rendues publiques sur les réseaux sociaux par le département des ressources marines et côtières de Thaïlande. Les cinq sacs recrachés par le mammifère marin peu avant sa mort n’étaient finalement qu’un infime aperçu de la contamination dont il a été victime.

Selon les officiels thaïlandais, la cause de cet empoisonnement a trait aux habitudes alimentaires de l’animal. Habitué à se nourrir de calamars, de poulpes ou encore de seiches, le dauphin-pilote a très certainement confondu les sacs plastiques en suspension dans l’eau avec l’un de ces mollusques.

Un problème colossal et mondial

Il faut dire que cette pollution a pris une ampleur considérable. Avec plus de 8 millions de tonnes de plastiques rejetées chaque année dans les océans selon les dernières estimations, les eaux du monde entier se trouvent aujourd’hui envahies par des détritus en suspension : de l’île indonésienne de Bali, comme le révélaient il y a peu les images enregistrées par un plongeur britannique, jusqu’aux profondeurs abyssales de la fosse des Mariannes, à 11 000 mètres sous la surface.

Une tendance plus que délétère pour les animaux marins du monde entier, comme le confirme le biologiste marin Thon Thamrongnawasawat, maître de conférence à l’Université Kasetsart de Bangkok, en Thaïlande :

« Si vous avez 80 sacs plastiques dans l’estomac, vous mourez », dénonce le spécialiste dans une interview à l’AFP. « Au moins 300 animaux marins, y compris des dauphins-pilotes, des tortues marines et d’autres delphinidés meurent chaque année après avoir ingéré du plastique dans les eaux thaïlandaises », déplore le scientifique.

Si rien n’est fait, la quantité de plastique présent dans les océans pourrait finir par dépasser celle des poissons d’ici à 2050. Une perspective inquiétante qui fait craindre que les empoisonnements d’animaux marins par les déchets ne cessent de se multiplier au cours des années à venir. La loi des séries pourrait bien ne pas être enrayée de sitôt.

Source : Maxisciences – Publié le 4 juin 2018
Photo de une : Wikimedia

 

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