Antibes – Le Marineland d’Antibes attire jusqu’à 10.000 vacanciers par jour l’été mais pour combien de temps encore ? Le parc d’attraction marin le plus grand d’Europe est sous la pression des défenseurs des animaux et si les spectacles d’orques et de dauphins continuent, ils ont beaucoup changé.

Moins de décibels, moins d’acrobaties, et des messages en boucle pour la défense des océans :

« Avant, il y avait une boule rouge dans laquelle les orques devaient taper avec leur queue. Là, c’est davantage dans le respect des animaux », observe une famille de La Rochelle.

« Sur la route, on a entendu à la radio des personnes qui militent pour la fermeture du parc, on a failli renoncer mais on avait déjà les billets », raconte la mère, Aurore, pas sûre de venir une troisième fois.

Dans la forêt de poussettes d’enfants garées près des gradins, d’autres spectateurs se sentent tiraillés :

« Je préférerais les voir dans leur milieu naturel mais ce sont des bêtes magnifiques et on a nos petits-enfants… », confie Annie, la soixantaine.

« Les voir à la télévision, ce n’est pas pareil, et c’est beau cette complicité avec les soigneurs », se régale en revanche une vacancière tunisienne, Hanan.

« Le bien-être animalier préoccupe davantage et c’est tant mieux », commente le directeur général du parc, Pascal Picot. « Mais pour moi, il faut que les enfants aient envie de revenir et qu’ils s’amusent tout en retenant que balancer du plastique dans l’eau a des conséquences, ou en apprenant comment vit un dauphin. Pour moi, c’est une manière de passer des messages sur la biodiversité ».

« Dans 10 ans, c’est fini ! »

« Donc, on cherche à améliorer la pédagogie. Pour les enfants, on a créé une BD, commandée à l’auteur du héros de BD Cubitus et on va lancer un quizz interactif sur les orques cet été », énumère-t-il : le visiteur le plus rapide sur son appli Marineland pourra s’approcher de la vitre avec un soigneur.

Le parc, qui abrite 11 dauphins, 4 orques, 18 otaries, 6 phoques et 21 requins, a aussi refait ses panneaux d’explication. Il accueille jusqu’au 31 août une expo photo du muséum d’histoire naturelle de Londres. L’époque où l’on pouvait réveillonner avec les dauphins et des soigneurs en tenue rouge de père Noël est révolue. Quant à nager avec les dauphins, Pascal Picot tord le cou à la légende : « On ne l’a jamais fait !« .

Ouvert en 1970, Marineland a aussi un couple d’ours blancs dans le cadre d’un programme de conservation européen qui a permis de réimplanter un bébé oursonne dans une réserve en Norvège.

Depuis l’interdiction par arrêté ministériel en 2017 de la reproduction en captivité des orques et des dauphins détenus en France, l’avenir du parc reste menacé.

L’arrêté a été annulé pour vice de forme par le Conseil d’Etat début 2018 mais un nouveau texte pourrait sonner le glas du Marineland. « Ça peut être très rapide« , estime Pascal Picot. « On veut savoir si on va pouvoir continuer à faire reproduire naturellement nos animaux, c’est ça qui va dicter l’avenir du parc ».

« Il y a un mouvement de fond dans l’opinion. Marineland, dans 10 ans c’est fini ! », prédit le député LREM Loïc Dombreval, tout en déplorant l’agressivité de certains anti-captifs, dont une poignée manifestent régulièrement aux abords du parc. Insultes et menaces pleuvent sur les réseaux sociaux. Le parc a même dû retirer son logo sur ses véhicules qui se faisaient caillasser.

En attendant, à Marineland, les investissements sont gelés, y compris l’agrandissement des bassins, un coût de plusieurs millions d’euros. Seul l’auditorium a été transformé en un cinéma 5D.

« Pour rester un parc animalier, il faudrait qu’on puisse accueillir de nouvelles espèces. Ce sont des démarches possibles mais longues. Entre temps on aura coulé », reprend Pascal Picot. « Se reconvertir, mais pour quoi faire ? Je n’en sais rien ! On est en zone rouge inconstructible, pas d’hôtel, même pas de camping ! ».

Source : L’Express – Publié le 29 juin 2018
Photo de une : Réseau-Cétacés

 

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