Le béluga retrouvé sur les rives de Petit-Matane mardi serait mort peu après sa période de mise bas. C’est ce qu’indique la nécropsie qui a eu lieu jeudi soir au laboratoire de Saint-Hyacinthe.

Le vétérinaire à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, Stéphane Lair, indique que les causes exactes de la mort seront connues après des examens plus approfondis. Les spécialistes ont toutefois découvert que la femelle béluga avait mis bas tout juste avant de mourir.

Contrairement à ce qui avait été rapporté par des témoins, la baleine était morte depuis un certain moment avant de s’être échouée sur les rives.

« Une carcasse qui n’était pas aussi fraîche qu’on pensait qu’elle était. » Stéphane Lair, professeur en médecine vétérinaire.

M. Lair explique que l’examen des organes internes a démontré un niveau de décomposition avancé qui laisse croire que l’animal était mort depuis quelques jours. La femelle béluga était toutefois en bonne condition corporelle, précise-t-il.

Une mortalité liée à la mise bas ?

Plusieurs questions sont soulevées quant aux difficultés que connaissent certains bélugas femelles au moment de donner naissance. Depuis quelques années, les scientifiques s’inquiètent de l’augmentation des femelles et des veaux qui meurent à la mise bas.

« Dans environ 30 % des cas, on n’est pas capable de déterminer la cause de la mort. » Stéphane Lair, professeur en médecine vétérinaire.

Existe-t-il un lien entre les naissances et les mortalités ?

« Il semble y avoir une augmentation dans les dernières années, de ces femelles qui meurent de causes inconnues, mais après avoir mis bas », explique M. Lair.

Les spécialistes basent leur analyse actuelle sur cette observation. On part sur ce qui semble être la problématique numéro un dans la population de bélugas présentement, des mortalités associées à des difficultés lors de la mise bas des animaux. On n’est pas capable d’expliquer la raison pourquoi on aurait une tendance à la hausse avec cette problématique , ajoute M. Lair.

Une alimentation moins riche

Plusieurs hypothèses sont sur la table pour expliquer la hausse des décès. Les changements de l’écosystème marin dans le golfe du Saint-Laurent représentent l’une d’entre elles.

Stéphane Lair explique que les changements climatiques et le réchauffement de l’eau pourraient entraîner un changement dans l’alimentation des bélugas.

« Il y a peut-être un changement au niveau de leur ressource alimentaire, ce qui pourrait faire en sorte que les femelles, lors de leur gestation, sont en moins bon état corporel. »

Le dérangement

Une seconde hypothèse se rattache aux activités marines commerciales et récréatives. En période de mise bas, les femelles s’isolent et si elles sont dérangées, ça peut faire en sorte qu’elles vivent des mises bas plus compliquées, soutient le professeur de l’Université de Montréal.

L’exposition à des contaminants

Les bélugas sont exposés à différents contaminants dans les eaux.

« Ce sont des contaminants qui peuvent avoir des effets sur la physiologie de la mise bas comme telle et ils pourraient augmenter les risques de mises bas compliquées », soutient-il.

Dans les prochaines semaines, les vétérinaires analyseront au microscope des morceaux de chacun des organes de l’animal.

Source : Radio-Canada – Publié le 13 juillet 2018
Photo de une : Pxhere

 

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