L’organisation non-gouvernementale Sea Shepherd a transmis la semaine passée une offre au gouvernement des Îles Féroé : elle souhaite lui donner un million d’euros au cours des dix prochaines années. A la seule condition que plus aucun cétacé ne soit tué sur ces îles au cours de cette tradition appelée grind.
Le massacre des cétacés aux Îles Féroé va-t-il bientôt prendre fin ? C’est ce qu’espère l’organisation non-gouvernementale Sea Shepherd qui vient pour cela de prendre une décision inattendue. Le 25 septembre dernier, elle a émis une offre en direction du gouvernement des Îles Féroé, proposant de lui verser sur 10 ans, pas moins d’un million d’euros.
L’objectif ? Mettre un terme au grindadrap (plus communément appelé grind), cette tradition millénaire de ces îles situées entre l’Ecosse et l’Islande. Si, au dix-neuvième siècle, cette dernière était pratiquée dans de nombreux territoires de l’atlantique Nord comme les Iles Shetland (Ecosse) ou le Groenland, elle n’est désormais plus pratiquée que dans le petit archipel des îles Féroé, une province autonome du Danemark.
Une pêche traditionnelle aux allures de massacre
Cette pêche traditionnelle qui a lieu tous les étés, s’apparente à un massacre et est largement controversée. Elle consiste à repérer les cétacés croisant au large des Îles Féroé puis à les rabattre vers les plages où les spécimens, jeunes et femelles compris, sont ensuite achevés au couteau dans l’eau, donnant à celle-ci une teinte rouge caractéristique.
Le grind cible majoritairement les globicéphales noirs (Globicephala melas), des cétacés appartenant à la famille des delphinidés. Mais il arrive également que des grands dauphins soient tués lors de cette pêche. Au cours des dix dernières années, pas moins de 7.744 petits cétacés appartenant à cinq espèces différentes ont été tués pendant le grind sur les plages des Féroé, d’après Sea Shepherd.
L’ONG lutte depuis plusieurs années pour y mettre fin sans pour autant y parvenir. Si les pêcheurs mettent en avant la consommation de viande de dauphin et de globicéphale pour justifier cette chasse, de nombreuses études ont prouvé que la majorité des cadavres n’était pas consommée et que l’abattage des cétacés était surtout l’occasion de perpétuer une tradition millénaire.
Des paiements versés si aucun cétacé n’est tué
Si des volontaires de l’ONG se rendent régulièrement aux Féroé pour documenter cette chasse, les tensions sont de plus en plus vives entre Sea Shepherd et le gouvernement local. C’est sans doute ce qui a conduit Sea Shepherd UK à faire une tentative inédite pour mettre fin au grind. Le million d’euros proposé sera payable en 10 fois, à la fin de chaque année civile.
« Chaque paiement annuel de 100.000 euros ne sera réalisé que si ZERO cétacé n’est délibérément tué sur les îles Féroé au cours de la période de 12 mois précédente. Si un cétacé est délibérément tué, n’importe quelle année, sur les îles Féroé, les paiements en cours et suivants seront annulés », explique Sea Shepherd sur sa page Facebook.
Par ailleurs, l’ONG a précisé que l’argent devra être utilisé dans des domaines particuliers : la promotion de l’éco-tourisme, la création d’entreprises permettant aux touristes d’observer les baleines, l’éducation des jeunes Féroéens sur la conservation de la faune marine et l’apprentissage aux habitants de techniques leur permettant de sauver des cétacés en détresse.
Pour le moment, le gouvernement des Îles Féroé ne semble pas avoir réagi ou répondu à l’offre de Sea Shepherd.
Source : Maxisciences – Publié le 3 octobre 2018
Photo de une : Wikimedia