Interdits en 1987, ces composants chimiques continuent d’empoisonner les populations d’orques à travers le globe et se transmettent d’une génération à l’autre.

« Les orques sont un des mammifères les plus contaminés au monde par les PCB », conclut une étude publiée dans la revue Science, fin septembre. En haut de la chaîne alimentaire, ils accumulent dans leur chair ces substances toxiques interdites en France depuis 1987. « Les effets liés aux PCB sur la reproduction et les fonctions immunitaires menacent la viabilité de long terme de plus de 50% de la population mondiale d’orques », alerte l’étude.

Les PCB, ou polychlorobiphényles ou encore pyralènes, sont des composés chimiques potentiellement dangereux. Une exposition chronique peut provoquer des troubles neuro-comportementaux, notamment chez l’enfant exposé in utero, et des troubles du système endocrinien chez l’adulte.

Fixation dans les graisses

Massivement utilisés dans les années 70 dans le secteur de l’électricité pour leurs propriétés isolantes mais aussi dans les encres et les peintures, les PCB sont interdits depuis 2001 par un traité international mais continuent d’être produits à travers le monde. Ils contaminent l’environnement et sont amassés dans les sédiments marins et de rivière. Les orques sont particulièrement touchés par les PCB (une famille de 249 membres) car ce sont des substances lipophiles, c’est-à-dire qu’elles présentent une affinité particulière pour les graisses.

Transmission entre générations

L’équipe de recherche menée par Jean-Pierre Desforges, chercheur au Centre de recherche arctique au Danemark, a ainsi pu mesurer des doses allant jusqu’à 1.300 milligrammes par kilogramme de graisse chez certaines orques. Or, la recherche a déjà montré qu’une concentration de seulement 50 mg/kg peut provoquer de l’infertilité et des problèmes dans le système immunitaire. Ainsi dans les trente à quarante prochaines années, certaines régions du monde (détroit de Gibraltar, Nord-Est du Pacifique, pourtour des îles britanniques) pourraient voir un effondrement brutal du nombre d’orques, les naissances se faisant de plus en plus rares.

Bien que la convention de Stockholm de 2001 prévoit l’interdiction totale des PCB pour 2025, les mesures mises en place jusqu’à maintenant n’ont pas permis aux mammifères marins comme les orques de se débarrasser de cette pollution transgénérationnelle.

Source : Libération – Publié le 21 octobre 2018
Photo de une : Pxhere

 

Loading...