Les grands mammifères marins sont protégés et leur observation soumise à plusieurs règles.

Depuis le début de la semaine quelques chanceux ont pu observer des baleines à bosse. Lundi matin « à 9h20 les passagers de Voyager 3 ont eu le privilège de voir près de l’île de Tintamarre la première baleine de la saison 2019 » peut-on lire sur la page Facebook de la compagnie maritime.

Chaque hiver, les baleines à bosse viennent se reproduire dans nos eaux, plus précisément dans le plateau formé par les îles de Saint-Martin, d’Anguilla et de Saint-Barthélemy. La mer des Caraïbes est un habitat privilégié pour l’alimentation, la reproduction et la migration des grands mammifères marins, protégés depuis le 15 octobre 2010 par la mise en place d’un sanctuaire. Dans les Antilles françaises le sanctuaire Agoa, dédié à la protection et la conservation des mammifères marins, couvre toute la zone économique exclusive (ZEE) des Antilles françaises (Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy).

Pour rappel, la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement intentionnels incluant les prélèvements biologiques, la perturbation intentionnelle incluant la poursuite ou le harcèlement des animaux dans le milieu naturel sont interdits, sauf cas d’une dérogation.

Pour observer les baleines il faut donc respecter certaines règles.

« Dans les eaux de la Réserve naturelle, il faut se conformer à la réglementation et passer par un opérateur membre d’une société partenaire, seuls opérateurs commerciaux habilités à travailler en réserve » précise Julien Chalifour, responsable du pôle « Missions et suivis scientifiques » à la Réserve naturelle de Saint-Martin.

En dehors de la Réserve, dans les eaux de la ZEE, il faut se référer aux arrêtés encadrant la protection des mammifères marins. Depuis le 15 mars 2017, l’arrêté n° R-02-2017-03-15-003 réglementant l’approche des cétacés dans les eaux sous juridiction française aux Antilles précise que l’approche des cétacés listés dans l’arrêté du 1er juillet 2011 susvisé est interdite à moins de 300 mètres.

« La distance de sécurité vise à éviter les collisions, surtout avec les jeunes contrôlant encore mal leurs mouvements, mais aussi à limiter les perturbations : un bateau approchant peut mettre fin à un comportement de sociabilisation, de nourrissage ou de repos, qui à la longue nuit à la santé physique et psychologique des animaux, voir peut les pousser à quitter les lieux. Il y a bien évidemment plein de gens bien intentionnés, qui respectent une ligne de conduite, mais une visite, plus une autre et une autre, ça représente vite une durée de dérangement conséquente. Et un navire en stationnaire au milieu de l’eau attire immanquablement l’attention d’autres navires, ce qui génère rapidement des attroupements autour des groupes d’animaux observés » explique Julien Chalifour.

Parmi les recommandations formulées par le conseil de gestion Agoa et rassemblées dans la « Charte pour une pratique responsable des activités commerciales d’observation des mammifères marins dans le sanctuaire Agoa » de novembre 2017, l’opérateur de Whale Watching doit respecter les règle suivantes : avoir une personne qualifiée à bord ayant suivi et validé une formation sur l’environnement marin et le tourisme baleinier dispensée ou reconnue par le sanctuaire Agoa, respecter les pratiques raisonnées d’observation des cétacés au sein du Sanctuaire Agoa, n’utiliser aucun moyen aérien comme appui à la détection des animaux, informer sa clientèle de façon réaliste sur les résultats de l’excursion : l’observation de cétacés n’est pas garantie à chaque sortie, ne pas proposer de prestation incluant une activité de nage avec les cétacés, contribuer à l’acquisition de connaissances, notamment en consignant systématiquement les observations sur les outils recommandés par Agoa.

La Réserve naturelle demande en effet de lui signaler toute observation (date, position, espèce, nombre d’individus et si présence de jeunes) en y joignant des images.

Elle est par ailleurs en train d’organiser la campagne Mégara 2019  afin de réaliser (avec une dérogation pour le dérangement intentionnel induit), des observations visuelles et acoustiques, de la photo identification, des prélèvement d’ADN pour étude (sexe, génétique, polluants),  ainsi que la pose de balises de suivi satellitaire de la migration. Une action s’inscrit en collaboration avec les gestionnaires régionaux et AGOA disposant d’un financement européen dans le cadre du programme CARIMAM. Julien Chalifour poursuit :

« Cette production de données, notamment sur l’ADN répond à une réelle demande réaffirmée par les experts scientifiques internationaux des baleines à bosses, conseillant la Commission Baleinière Internationale. Il y a en effet une grosse carence de données sur la zone Caraïbe, qui permettraient de mieux identifier les connexions entre populations et zones géographiques : d’où viennent et où vont les baleines de St Martin ».

Soualiga Post Source : – Publié le 24 janvier 2019
Photo de une : Wikipedia

 

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