Les dizaines de baleines grises retrouvées mortes le long de la côte ouest de l’Amérique du Nord ces dernières semaines pourraient être le résultat du réchauffement des eaux de l’Arctique au large de l’Alaska, disent des scientifiques.

Depuis le début de l’année, 58 baleines grises ont été trouvées échouées ou mortes entre la Californie et l’Alaska, d’après l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).

La découverte la plus récente, annoncée mercredi par la NOAA, était celle d’une baleine grise dans la péninsule Turnagain, un canal étroit alimenté par un glacier au bord d’Anchorage, en Alaska.

Les baleines grises s’y aventurent rarement.

Elles migrent vers le Nord depuis leurs aires d’hivernage au Mexique et semblent épuiser leur énergie, explique Michael Milstein, un porte-parole du service des pêches de la NOAA.

Selon M. Milstein, les analyses effectuées jusqu’à présent sur les baleines mortes révèlent qu’elles étaient sous-alimentées. L’hypothèse est qu’elles n’ont pas réussi à se nourrir suffisamment dans les régions où elles passaient l’été l’an dernier, soit dans les mers de Béring et de Chukchi au large de l’Alaska.

Des aires d’alimentation en Alaska

Les baleines grises accumulent la majeure partie de leur banque alimentaire dans les mers de Béring et de Chukchi, explique M.  Milstein. Cette dernière leur permet de survivre jusqu’à l’été suivant.

Certains croient que quelque chose s’est manifestement passé là-haut, ce qui aurait mené au manque de nourriture pour les baleines, dit-il.

Étant donné qu’elles emmagasinent la majeure partie de leur poids pendant l’été là-haut, les morts sont recueillies ici-bas.

Michael Milstein, porte-parole du service des pêches de la NOAA

De nombreuses preuves suggèrent un problème alimentaire dans les aires d’été des baleines grises dans le cercle arctique.

Les mers de Bering et Chukchi connaissent une chaleur extraordinaire depuis 2016. Elles subissent des températures record, ou près des records, de surface de la mer, ainsi qu’un manque de glace marine sans précédent.

En 2018, la glace hivernale de la mer de Béring était à son plus bas depuis plus de 150 ans. Cet hiver, la glace était à un niveau presque aussi bas.

La chaîne alimentaire menacée

Selon des scientifiques spécialistes du climat et des biologistes, le manque de glace marine et la chaleur extraordinaire qui en résulte sont liés à plusieurs perturbations de l’écosystème des mers de Béring et de Chukchi, incluant la mort d’oiseaux et de phoques.

« Cela touche toute la chaîne alimentaire, depuis les algues jusqu’au krill et en montant », dit Rick Thoman, un scientifique spécialiste du climat au Centre d’évaluation et de politique du climat de l’Alaska.

Des baleines ont même été retrouvées mortes dans la baie de San Francisco et à Puget Sound, près de Seattle.

Elles pourraient s’y arrêter en quête de nourriture, ou elles pourraient être épuisées et à la recherche d’un lieu pour se reposer, dit M. Milstein.

Une piste alternative

Le réchauffement des eaux arctiques n’est pas la seule théorie qui expliquerait la mort des baleines.

La population de baleines grises du Pacifique nord-est connaît une croissance énorme. Elles sont 27 000 et pourraient être en compétition pour de la nourriture, explique M. Milstein.

Plus il y a de baleines dans la population, plus il y aura de morts de temps en temps, ajoute-t-il.

Source : ici.radio-canada.ca, le 18.05.19
Photo : Merrill Gosho, NOAA – en.wikipedia.org

 

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