Protection des espèces, sensibilisation du public à l’environnement, expérimentations pilotes : au-delà de la protection des espèces animales, le Parc naturel marin d’Iroise, basé au Conquet (Finistère), travaille à une plus grande connaissance des grands mammifères marins.
On se souvient que cet hiver, un arrêté préfectoral prévoyant des restrictions géographiques et temporaires (du 1er avril au 31 juillet) des activités humaines dans une partie de l’archipel de Molène avait provoqué une levée de boucliers.
Jeudi 23 mai 2019, au Conquet, la tenue sereine d’un nouveau conseil de gestion du Parc naturel marin d’Iroise (PNMI) a permis à l’institution de constater que ses efforts de pédagogie, en matière de protection du grand gravelot, un limicole migrateur ont depuis porté leurs fruits.
Pour le reste, le PNMI a détaillé trois de ses projets qui résument bien les axes de sa politique : protection des espèces, sensibilisation du public, rôle expérimental.
Bientôt une maison de la Mer à Molène
Elle pourrait s’appeler Maison de la Mer, ou de l’Archipel, ou de l’Environnement de Molène : son nom est encore à l’étude, d’ici à son inauguration en septembre. Dès cet été, les visiteurs de l’île auront accès, en autonomie, au jardin et à deux maisons de 21 et 28 m², propriétés de la Communauté de communes du pays d’Iroise (CCPI). En plein cœur de la réserve de biosphère des îles et de la mer d’Iroise, le PNMI, gestionnaire, y proposera des muséographies, conçues par le groupement nantais Born : dans la première, un cabinet de curiosités à la façon de l’Écomusée du Niou (Ouessant), faisant entendre par exemple des récits autochtones. Dans la seconde, une immersion sous une ligne d’horizon marine, invitant à découvrir la faune des profondeurs de l’archipel. Budget : 100 000 €
Des comptages pilotes de cétacés
125. C’est le nombre approximatif d’individus de l’espèce des grands dauphins (Tursiops truncatus) accueillis par le PNMI, qui observe même, chaque année, des naissances. D’autres cétacés, comme les dauphins communs et marsouins communs, fréquentent également ce périmètre, ou bien encore des dauphins de Risso, ponctuellement, ou des petits rorquals et rorquals communs, de façon régulière et en augmentation en 2018.
Pour mieux connaître ses « mammifères résidents », le PNMI déploie de nouvelles méthodes de comptage. Par exemple, d’acoustique passive, en profitant d’une structure sous-marine test de Naval Group, installée dans le courant du Fromveur, pour l’équiper d’un hydrophone. Ou encore d’analyse de l’ADN environnementale de l’eau de mer, aux côtés de l’université de Bretagne occidentale (UBO). Le principe est de détecter, dans un échantillon d’eau de mer, l’ADN de toutes les espèces de mammifères marins présents. Ce projet, pilote, n’a pour l’instant été mené qu’en 2018, en Guadeloupe.
Enfin, des grands dauphins seront équipés de balises GPS ventouses, sans capture ni anesthésie (avec une perche), ce qui permettra de mieux en connaître les populations : nourriture, repos, techniques de chasse, interactions sociales entre les groupes côtiers sédentarisés et ceux du large, etc.
Petite mais costaude, la sentinelle
L’océanite tempête Hydrobates pelagicus est le plus petit (15 cm) et le plus léger (26 g) des oiseaux marins d’Europe. Cet oiseau migrateur « remonte » d’Afrique du Sud jusqu’à l’archipel de Molène pour se reproduire, avant de repartir ! Ainsi, l’archipel héberge les plus importantes colonies bretonnes et françaises de l’espèce, avec respectivement 80 % et 75 % des effectifs, d’où la responsabilité du PNMI dans sa protection !
Depuis les années 1970, plus de 28 000 océanites ont été bagués, pour en étudier les déplacements, la vie des plus jeunes, ou encore leur survie en dépit des modifications de l’environnement marin. L’océanite se nourrit de plancton, il est donc sans doute affecté par le réchauffement des eaux marines… L’espèce peut donc jouer un rôle de sentinelle de la mer, témoin de l’état de l’environnement marin.
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Source : ouest-france.fr, le 23.05.19
Photo : l’identification d’un grand dauphin dans la chaussée de Sein. | DR/LIVIER SCHWEYER / AGENCE FRANÇAISE POUR LA BIODIVERSITÉ
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