Océanographe, Céline Arnal répertorie la faune en Méditerranée depuis 25 ans. Elle confirme la raréfaction au large de nos côtes d’espèces menacées fuyant la pollution.

Docteur en océanologie et comportement animal, Céline Arnal a créé à à Villeneuve-les-Maguelone, il y a maintenant 25 ans, l’association d’écologie participative Cybelle Planète.

Chaque semaine, le bateau de cette association qui organise des voyages d’écovolontariat prend le large. A son bord, un équipage de 7 écovolontaires.

Tous vont participer, en pleine Méditerranée, à l’observation et l’étude des espèces marines menacées : dauphins, baleines, tortues, raies, requins…

La Méditerranée est encore une inconnue pour les Héraultais

En un quart de siècle, Céline Arnal, qui a consacré une partie de sa vie à étudier et répertorier la faune marine, a vu la mer changer. Pas en bien…

«La Méditerranée est encore une inconnue pour les Héraultais qui ne réalisent pas à quel point sa biodiversité est riche»explique-t-elle.

«Sur nos bateaux, les écovolontaires découvrent, au large de nos côtes languedociennes, des cétacés (dauphins, cachalot, rorqual, globicéphale), des raies mantas et des requins»

Au large du littoral languedocien, les animaux fuient l’activité humaine

Riche, donc, mais malmenée. Brutalisée : « Il y 20 ans, on pouvait voir ces animaux à 5 miles des côtes. Aujourd’hui, il faut aller à 25 ou 30 miles, dépasser le plateau du Golfe du Lion pour atteindre les grands fonds ».

Selon l’océanologue, les animaux fuient l’activité humaine et les pollutions qui, régulièrement, s’enrichissent de nouvelles nuisances.

« Les animaux s’éloignent notamment du trafic maritime qui explose : le trafic professionnel bien sûr, mais aussi la plaisance et les loisirs, comme le jet-ski »

Aujourd’hui, c’est impossible : c’est la cacophonie, un bazar inimaginable

Cette pollution sonore, qui vient se rajouter aux autres pollutions (carburants, plastiques, etc) n’est pas sans conséquences :

« Lors de nos sorties, on pouvait encore repérer les cétacés au sonar à 5 miles des côtes. Aujourd’hui, c’est impossible : c’est la cacophonie, un bazar que vous ne pouvez même pas imaginer ».

« C’est grave », insiste l’océanologue : « Les espèces qui se nourrissent normalement sur les fonds de 700 m sont chassées sur des fonds de 2 000 m. Ce n’est plus du tout pareil ».

Pas de dauphins de Risso, peu de globicéphales et de cachalots

En 2018, Céline Arnal n’a pas vu de dauphins de Risso et très peu de globicéphales et de cachalots.

« C’est un constat sans appel : les espèces se raréfient sur le littoral languedocien », confirme le docteur en océanologie .

Avec Cybelle Planète, une semaine en mer pour découvrir la Méditerranée

L’association d’écologie participative a été créé il a 25 ans par Céline Arnal, docteur en océanologie et comportement animal. Basée à Villeneuve-les-Maguelone, Cybelle Planète organise notamment des voyages d’écovolontariat. Chaque semaine, le voilier de l’association prend le large avec, à son bord, des volontaires qui participent à l’observation et l’étude des espèces marines menacées : dauphins, baleines, tortues, raies, requins…

Encadrée par un écoguide, l’équipe de 7 écovolontaires (1400 € la semaine, aucune compétence ou formation spécifique n’est nécessaire) aide à collecter de multiples informations naturalistes : « La récolte des données, qui intègre aussi les observations fournies par les plaisanciers, nourrit une base de données partagée librement avec la communauté scientifique », explique Céline Arnal.

Cybelle Planète contribue entre autre à une grande étude participative, menée depuis 2005, portant sur le fameux sanctuaire du Pélagos, en plein cœur du Golfe du Lion. Cette vaste zone protégée, en forme de triangle, s’étend du Golfe du Lion au nord de la Sardaigne, en incluant la Corse et les côtes italiennes. Une zone ou croisent encore de nombreuses espèces marines menacées.

Plus d’infos : www.cybelle-planete.org
Source : actu.fr/occitanie/montpellier, le 11.06.19
Photo : Cybelle Planète

 

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