Plus de 270 de ces mammifères marins se sont échoués dans le Golfe du Mexique depuis quatre mois, soit trois fois plus que d’habitude.
Depuis le 1er février, les dauphins échoués sur les côtes américaines du Golfe du Mexique se multiplient. L’Administration nationale américaine pour l’océan et l’atmosphère (NOAA) en a dénombré 278, dont 98% ont péri. Des chiffres trois fois supérieurs à la moyenne. Dans le détail, cela donne 121 échouages dans le Mississippi, 89 en Louisiane, 32 en Alabama et 37 en Floride.
La mortalité des dauphins dans la région a augmenté suite à l’explosion de la plateforme pétrolière BP «Deepwater Horizon» en 2010 dans ce Golfe et le déversement de près de 780 millions de litres d’hydrocarbure. 91 dauphins avaient péri cette année-là et cela a continué par la suite. Mais jamais un tel pic n’avait été atteint. Les scientifiques pensent, selon une dépêche de l’Associated Press, que cela pourrait être dû à une faible salinité de l’eau.
Pour les dauphins, trop d’eau douce peut en effet entraîner des troubles oculaires, des lésions cutanées, une chimie sanguine anormale et même la mort, selon la NOAA. Des effets encore amplifiés si ces animaux sont déjà affaiblis par des blessures, des infections ou une malnutrition, ce que l’on a souvent constaté après la pollution de BP. Or 23% des dauphins échoués cette année entre la Louisiane et la Floride présentaient des plaies compatibles avec l’exposition à l’eau douce.
Mois de mai très humide
Et de l’eau douce, il y en a eu une quantité inhabituelle cette année dans le Golfe. Mai 2019 a en effet été le mois le plus humide jamais enregistré dans le Nebraska, le Kansas et le Missouri et le deuxième plus humide de tous les temps dans l’Oklahoma. De nombreuses inondations, en particulier du fleuve Mississippi, se sont produites et ont fini dans le Golfe, modifiant les niveaux de salinité de l’océan et se répercutant sur la vie marine. L’ouverture en Louisiane du déversoir de Bonnet Carré, conçu pour réguler les eaux du Mississippi, a amplifié le phénomène.
Toutes ces morts de dauphins ne semblent toutefois pas imputables à la seule exposition à l’eau douce. Les produits chimiques et polluants présents dans les rivières qui se sont déversées dans le Golfe pourraient avoir leur rôle à jouer, tout comme un possible changement alimentaire des dauphins. Une partie de leurs proies, comme poissons et crabes, ont pu, en raison du manque de salinité des eaux, déserter ces estuaires où vivent 15 des 17 groupes des dauphins de la région. Et ceux-ci ont tendance à ne pas quitter leur territoire, même en cas de dégradation de leur habitat.
Les tortues aussi
La NOAA a également fait état d’une recrudescence des morts de tortues en Louisiane et dans le Mississippi. Si celles-ci ne devraient pas être sensibles à l’exposition à l’eau douce, la baisse de salinité pourrait en revanche avoir affecté leurs proies et leur habitat.
Source : lematin.ch, le 18.06.19
Photo : Institute for Marine Mammal Studies
–