A Banyuls-sur-Mer, les équipes de l’Observatoire Océanologique étudient l’impact des crèmes solaires sur l’environnement. Des recherches pourraient à terme permettre d’éliminer les composants les plus toxiques. Et il y a urgence pour la faune et la flore marines.

Se tartiner de crème solaire, un geste devenu un réflexe pour un enjeu de santé publique. 15.000 nouveaux cas de cancers cutanés sont déclarés chaque année en France.

Le problème, c’est que les molécules de ces produits filtrant les UV du soleil se fixent sur le sable et les coquillages, se diffusent dans l’eau et polluent une chaîne alimentaire dont nous sommes parfois le dernier maillon. Un impact étudié à l’Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer.

Certains filtres solaires sont des perturbateurs endocriniens. On en retrouve des traces dans les urines ou dans le lait maternel. Cela veut dire que des molécules passent dans l’organisme et impactent potentiellement l’homme » explique Philippe Lebaron, professeur de microbiologie et d’écologie marine au laboratoire Arago de Banyuls-sur-Mer – Sorbonne Université.

De nombreuses crèmes solaires contiennent deux produits chimiques pointés du doigt : l’oxybenzone, qui sert à filtrer les ultraviolets, et l’ethylhexyl methoxycinnamate, utilisé pour filtrer les UV-B. Ces substances sont responsables du blanchiment et de la mort des coraux. 10% des récifs seraient menacés. Elles peuvent aussi perturber la reproduction de nombreuses espèces marines, comme les oursins ou les phoques et auraient un impact neurologique et hormonal sur certains poissons.

Faut-il dire stop aux crèmes issues de la pétrochimie ?

Certains scientifiques disent oui. On peut déjà leur préférer des crèmes composées d’huiles minérales ou des produits bio.

Des molécules dont certaines sont nocives également pour l’homme mais qu’il est très difficile d’identifier pour le grand public, faute d’un label reconnu et surtout d’une information fiable.

Au laboratoire Arago de Banyuls-sur-Mer, on demande pour cela des moyens de recherche afin d’en limiter l’impact.

Il faut apprécier scientifiquement l’impact et la toxicité des filtres solaires existants pour ensuite légiférer et interdire l’utilisation des molécules polluantes et/ou toxiques. Comme cela se fera à Hawaï en 2021 ou dès 2020 dans l’archipel des Palaos, dans le Pacifique.

On estime que 25.000 tonnes de crème solaire se retrouvent diluées chaque année dans les océans.

 

Source : france3-regions.francetvinfo.fr, le 25.07.19

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