Les baleines à bosse empruntent des chants aux baleines d’autres régions. En écoutant les sons de ces cétacés, on pourrait ainsi savoir le chemin qu’ils ont parcouru.
En écoutant le chant des baleines à bosse, on pourrait savoir d’où elles viennent. C’est la conclusion poétique d’une étude publiée le 4 septembre 2019 dans la revue Royal Society Open Science par une équipe de chercheurs. « Les mouvements migratoires des baleines à bosse sont inscrits dans leurs chansons », y écrivent ces scientifiques.
L’étude, repérée par New Scientist, montre comment ces mammifères aquatiques modifient leur façon de chanter lorsqu’ils entrent en contact avec des baleines à bosse originaires d’autres régions du monde. « Les traditions vocales et l’apprentissage vocal sont une base solide pour étudier la culture et sa transmission, à la fois chez les humains et chez les cétacés », assurent les auteurs.
Une chaîne de transmission des chants
Ce sont les baleines à bosse mâles qui émettent des sons structurés, qui leur servent à la fois à attirer des partenaires femelles et à interagir avec les autres baleines mâles. En général, les mâles d’une même population de baleines à bosse « convergent vers un type de chant unique » à chaque saison hivernale de reproduction, soulignent les scientifiques. Mais ces chants peuvent se transmettre entre les différentes populations de baleines. Une précédente étude a montré que cette transmission existait dans le Pacifique sud, où elle « s’étendait sur 6 000 kilomètres depuis l’est de l’Australie en direction de l’ouest jusqu’à l’est de la Polynésie française ».
Il existe bien une grande chaîne de transmission de chants entre population : l’une d’elles adopte un chant apporté par une population de baleines à bosse proche, puis transmet elle-même son chant, et ainsi de suite. D’après les scientifiques, qui considèrent 3 zones distinctes (l’Australie orientale, le Pacifique sud occidental et central), il faut 2 ans pour qu’un chant soit transmis dans une nouvelle région. Mais les chercheurs ignoraient encore par quels mécanismes les chants étaient transmis exactement. Les regroupements de baleines, pour se nourrir ou migrer, ont été envisagés comme des pistes pour favoriser ce « contact acoustique ».
Mais où a lieu ce contact acoustique ?
Un grand nombre de baleines à bosse de plusieurs populations semble se retrouver dans une zone précise, pendant le printemps austral (de septembre à novembre) : les îles Kermadec, un archipel au sud de l’océan Pacifique. Cette halte migratoire, pendant laquelle les baleines se côtoient pendant plusieurs jours, est sans doute propice aux transmissions des chants.
Pour tester l’hypothèse que ces transmissions des chants sont favorisées par les migrations des baleines mâles de plusieurs régions vers les îles Kermadec, les scientifiques ont comparé plusieurs enregistrements de chants, collectés entre juillet et octobre 2015 (dans 6 zones différentes du Pacifique sud). Les sons ont été capturés grâce à un hydrophone (un microphone) plongé à 10 mètres de profondeur, dans des eaux de 60 mètres de profondeur. D’autres sons ont été récoltés aux îles Kermadec. Les deux jeux de données ont été comparés.
Résultat ? Les scientifiques pensent que c’est bien aux Îles Kermadec que les chants se transmettent, car les baleines à bosse s’y rencontrent pendant leur migration. Il existe certainement d’autres endroits où les populations de baleines se rencontrent et apprennent de nouveaux chants grâce à leurs consœurs.
Source : numerama.com, le 05.09.19
Photo : Peres Thierry – commons.wikimedia.org
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