La résistance aux antibiotiques ne se limite plus à l’Homme. Une récente étude menée en Floride nous révèle en effet que le problème touche désormais les dauphins. Et la situation semble s’empirer.
Il y a quelques semaines, Sally Davis, du GIEC, considérait le problème de la résistance aux antibiotiques comme “aussi grave” que le réchauffement climatique. Ces super-bactéries, qui s’adaptent continuellement aux traitements proposés, pourraient en effet tuer jusqu’à 10 millions de personnes par an d’ici 2050, soit quasiment autant que le cancer. Une véritable menace pour la santé mondiale et la sécurité alimentaire qui, semble-t-il, concerne désormais une autre espèce. De nouvelles recherches faites en Floride nous révèlent en effet que les dauphins sauvages hébergent également des super-bactéries résistantes. Et c’est de notre faute. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Aquatic Mammals.
Près de 90% des échantillons résistants
Pour ces travaux menés entre 2003 et 2015, des chercheurs de plusieurs universités se sont concentrés sur une population de grands dauphins. Tous évoluaient dans le lagon d’Indian River, en Floride. Des analyses ont été faites sur 171 spécimens. Au total, 733 souches de bactéries ont été identifiées. Parmi elles, 88,2% ont présenté une résistance à au moins un antibiotique. Sur cet échantillon, 91,6% étaient résistantes à l’érythromycine, 77,3% à l’ampicilline et 61,7% à la céphalothine. Il est également ressorti que cette résistance était devenue de plus en plus importante au cours de la période d’étude.
Une résistance induite par l’Homme
Les chercheurs n’ont pas été très surpris. La région environnante est en effet densément peuplée. Les établissements de santé sont donc très nombreux :
«En 2009 nous avons signalé une prévalence élevée de la résistance aux antibiotiques chez les dauphins sauvages, ce qui était inattendu», explique Adam Schaefer, principal auteur de l’étude. «Depuis nous suivons les changements au fil du temps et avons constaté une augmentation significative de la résistance aux antibiotiques dans les isolats de ces animaux. Cette tendance reflète les rapports des établissements de soins de santé. D’après nos résultats, il est probable que ces isolats de dauphins proviennent d’une source d’utilisation régulière d’antibiotiques, susceptibles d’entrer dans le milieu marin par le biais d’activités humaines ou de rejets de sources terrestres».
Notez que ces recherches ne concernent qu’une zone bien spécifique, et une unique espèce. Mais le problème est bien plus important. Une étude publiée il y a quelques mois suggérait par exemple que les concentrations d’antibiotiques relevées dans certaines rivières du monde dépassaient largement les niveaux acceptables. Les analyses, faites sur 711 sites dans 72 pays sur six continents, avaient détecté des antibiotiques dans 65 % des échantillons. Pas étonnant que la nature mette ensuite en place des moyens d’adaptation.
Source : Science Post – Publié le 21 septembre 2019
Photo de une : Pixabay