Léa David, cofondatrice d’EcoOcéan Institut, revient pour 20 Minutes sur les interactions entre le cétacé et les humains au large de nos côtes.
- Léa David, docteure en écologie marine, a participé à l’étude Interact sur la cohabitation entre l’Homme et le grand dauphin, dont les résultats ont été présentés vendredi lors des Rencontres humains & cétacés.
- Dans ce cadre, la cofondatrice d’EcoOcéan Institut et ses collègues ont croisé les données de présence de l’animal et celles des activités humaines.
- La scientifique appelle à une coexistence durable entre les deux espèces.
Selon le projet GDEGeM, 928 individus ont été identifiés en Méditerranée française. Le grand dauphin est un habitant emblématique du littoral et des zones côtières de Provence, de Corse et du Golfe du Lion.
Des territoires que nous, humains, fréquentons également, que ce soit pour les activités professionnelles (pêche, aquaculture) ou pour le sport et les loisirs (plaisance, sports de glisse, plongée, tourisme autour de l’observation des cétacés).
Léa David, cétologue et cofondatrice d’EcoOcéan Institut, analyse ses interactions humains-grand dauphin pour 20 Minutes, à l’occasion de la présentation de l’étude INTERACT présentée ce week-end à Nice dans le cadre des 2e Rencontres humains et cétacés en Méditerranée.
Pourquoi avoir observé le grand dauphin ?
Le grand dauphin est l’espèce de cétacé la plus côtière en Méditerranée. C’est la première que les personnes sont amenées à croiser quand elles vont en mer. Et donc la première qui est conduite à affronter les menaces que peuvent représenter la plaisance et la pêche.
Que révèlent vos observations ?
Si on s’amuse à superposer la carte de la présence du grand dauphin avec celle de toutes les activités humaines [pêche et plaisance confondues], 95 % de la zone fréquentée par les cétacés dans le Golfe du Lion l’est aussi par l’Homme. Dans la région liguro-provençale, cette proportion atteint 98 %.
Si on regarde en détail, les activités de pêche sont beaucoup plus répandues dans le Golfe du Lion qu’en Provence [93 % de la zone fréquentée par le grand dauphin]. En région liguro-provençale, on retrouve surtout les bateaux de plaisance [90 % de la zone fréquentée par le Grand dauphin].
Quelles formes prennent les interactions ?
Dans certains cas, les dauphins peuvent venir d’eux-mêmes se placer dans l’étrave des embarcations des plaisanciers. C’est une interaction positive.
Dans d’autres cas, les interactions peuvent être négatives, comme quand des plaisanciers stressent les dauphins pour les prendre en photo ou quand les pêcheurs les capturent accidentellement. Comme les professionnels prélèvent des poissons, le grand dauphin va au supermarché de la mer, c’est-à-dire dans leurs filets.
Enfin, il y a les cas où tout le monde se croise mais où il ne se passe rien.
Quel enseignement faut-il tirer de votre étude ?
Quand on va en mer pour une activité professionnelle ou pour ses loisirs, il faut prendre conscience que nous sommes dans la maison du grand dauphin.
Les plaisanciers doivent respecter ces animaux et les pêcheurs doivent s’habituer à partager l’espace et les ressources. C’est cette coexistence qu’il faut mettre en avant.
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Source : 20minutes.fr, le 03.12.2019
Photo : commons.wikimedia.org
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