Éric Lamblin et Guillaume Boeye publient les photos de baleines à bosse, rencontrées du côté de La Réunion. Pour une plongée dans leur intimité.

Eric Lamblin et Guillaume Boeye, se sont rencontrés… autour d’une baleine. Voilà qui n’est pas banal ! Chacun approchait par un flanc, caisson photographique à la main, avant que leurs regards ne se croisent et se comprennent en quelques secondes. Depuis, ils partent régulièrement ensemble photographier ces géants des mers et viennent de publier un bien bel ouvrage intitulé Dans l’intimité des baleines.

Un livre qui révèle le meilleur de centaines d’heures passées dans l’eau à observer et photographier les mastodontes du côté de l’île de La Réunion. Une soixantaine de clichés ont été scrupuleusement choisis pour réaliser ce livre photographique, en gardant pour fil conducteur des instants de vie, originaux ou insolites, et surtout très photogéniques. Éric Lamblin témoigne ici de sa rencontre avec les baleines à bosse qui parcourent des milliers de kilomètres depuis l’Antarctique pour rejoindre les eaux chaudes de l’océan indien.

Photographier les baleines, ça vous est venu comment ? Un rêve d’enfant ? « Cela m’est venu naturellement. Très jeune, j’ai eu deux passions, la photographie et la mer. J’étais donc équipé d’un appareil argentique étanche, un Nikonos, lorsque, par hasard lors d’une sortie en mer, avec ma barque réunionnaise, j’ai croisé la route d’une baleine. »

Vous les photographiez à La Réunion, dans un cadre où elles viennent mettre bas, donc avec leurs baleineaux. Ce sont des instants uniques ? « Oui ! Parce que les mères (et leurs baleineaux) sont peu actives comparé à leurs mois de nage pendant leur grande migration depuis le Pôle Sud. Elles viennent donc se reposer pour mettre bas puis pour nourrir leur petit avant une nouvelle migration. Le couple mère-baleineau nous offre alors des moments privilégiés. »

Vous dites adopter une approche naturelle pour les photographier, en plongeant en apnée et sans flash. Les baleines se laissent-elles approcher facilement ? « Les baleines se laissent parfois approcher si, comme pour toute approche d’un animal sauvage, nous respectons leur tranquillité et une certaine réserve. L’approche se fait bien sûr au préalable en bateau, mais nécessite ensuite une longue nage silencieuse afin de ne pas les effrayer. Certaines scènes se passent en surface, tandis que d’autres se vivent par 10 à 30 m de fond, l’apnée permet alors d’être plus fluide, plus en harmonie avec la mer, et surtout silencieux. Les baleines ressentent vos intentions dans votre manière de nager et dans vos apnées. Les photos sont prises en lumière naturelle, sans flash, pour les mêmes raisons. »

Quel message voulez-vous passer à travers ces photos ? S’agit-il de sensibiliser à la préservation des baleines ? « Bien sûr. Ces photos montrent des moments très intimes de leur vie : beaucoup de tendresse, de jeux, elles sont fragiles mais aussi majestueuses et puissantes. Elles sont souveraines dans leurs océans mais accueillent naturellement pour jouer, les dauphins mais aussi les humains. Nous avons évidemment beaucoup à apprendre de leur beauté et leur pacifisme, après les avoir massacrées pendant des siècles pour leur graisse et, aujourd’hui encore, pour leur viande. »

On parle d’une population de baleines en augmentation. Y a-t-il plus de baleines qu’avant ? Sont-elles assez protégées ? « Leur population augmente de 8 % chaque année pour la population de l’océan Indien, beaucoup moins dans d’autres océans. Et la population est encore loin d’atteindre celle de la période d’avant chasse. De ce fait, il y a évidemment plus de baleines qu’avant à La Réunion, bien que, certaines années, la destination soit boycottée au profit peut-être de l’Australie et de l’Afrique du Sud. Ceci est vraisemblablement à mettre en relation avec les zones de nourriture des basses latitudes. Les baleines à bosse, et toutes les autres espèces de baleines, et tous les océans du monde ne seront jamais assez protégés. Mais les baleines à bosse sont la preuve vivante qu’une espèce protégée peut s’en sortir. »

Pour ce livre, vous avez pris le parti de ne publier que des photos, sans légendes et presque sans texte, pourquoi ? « Parce que nous voulons que chaque photo soit une immersion dans leur monde, qu’elle soit une invitation à la rêverie, à l’interrogation et la surprise. »

« Dans l’intimité des baleines », Éric Lamblin et Guillaume Boeye, 132 pages, format 24 x 32 cm, 49 €. Disponible sur commande chez Hemeria.

Source : lanouvellerepublique.fr

 

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