À Bruxelles, la navigatrice et députée européenne Catherine Chabaud bataille pour que l’océan ait un véritable statut, mais c’est en mer, il y a bien longtemps, que la navigatrice a pris conscience des dangers qui menacent la grande bleue.  

« Dans mes premières années de navigation, dans les années 80/90, j’ai moi-même balancé à la mer des boites de conserve métalliques en me disant que la rouille allait forcément les faire disparaître, reconnaît Catherine Chabaud. J’ai aussi jeté des mégots de cigarettes par-dessus bord ! »

Tout a changé en 1991, lorsque la navigatrice traverse l’Atlantique en solitaire. Lors de cette premier mini-transat, elle découvre des pains de polystyrène au beau milieu de l’océan. C’est le déclic ! « Il faut absolument éviter cela », se dit-elle, tout en reconnaissant qu’à l’époque, elle était bien incapable de savoir comment agir.

« Il faut faire monter le niveau de la mer dans les textes à Bruxelles ! »  

Catherine Chabaud reconnaît que le combat pour l’océan est une bataille de tous les jours. Les textes débattus à la Commission européenne parlent de l’océan, mais insuffisamment.

« Quand on est sur la loi climat, il y a quelques lignes sur l’océan, alors qu’il faudrait trois pages. »

– Catherine Chabaud, navigatrice et députée européenne

Même chose pour l’économie circulaire ou la stratégie de biodiversité. La convention internationale du droit de la mer, signée en 1982 sous l’égide des Nations Unies, a créé des zones d’économie exclusive dans lesquelles les états sont souverains. « C’est une bonne chose », explique Catherine Chabaud, mais si on a donné un statut juridique aux fonds marins, on a oublié ce qu’on appelle la « colonne d’eau’’.

La richesse des fonds marins est aujourd\'hui reconnue, mais la notion morale de \"bien commun\" devrait être inscrit dans le futur traité international de la haute mer. 

La richesse des fonds marins est aujourd’hui reconnue, mais la notion morale de « bien commun » devrait être inscrit dans le futur traité international de la haute mer.  (AMITH NAG PHOTOGRAPHY / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Aujourd’hui, on découvre toutes les richesses de l’océan, mais il faut placer au-dessus cette notion morale de « bien commun’’. Une notion que l’on veut voir inscrite dans le préambule du traité de la haute mer, actuellement en discussion aux Nations Unies.

« À la COP 21, nous avons réussi à faire entrer l’océan dans le préambule de l’accord de Paris, et bien aujourd’hui, on essaye de faire la même chose pour le traité de la haute mer. »

Catherine Chabaud

Vers une économie bleue durable

Catherine Chabaud estime qu’aujourd’hui les différents acteurs, politiques et économiques, ont compris qu’il fallait pousser le curseur de la durabilité, mais elle est persuadée qu’on peut encore faire mieux. « Il faut changer de paradigme, dit-elle, changer sa façon de voir les choses ! »

Le développement des énergies marines est un axe prometteur mais Catherine Chabaud estime qu’il faut profiter des champs d’éoliennes en mer pour créer des zones de réserves, développer l’aquaculture et favoriser l’effet « récifs » de ces infrastructures, en utilisant certains matériaux et en jouant sur la géométrie des pieds des éoliennes.

« On peut même retrouver de la biodiversité dans les ports, ajoute-t-elle. Je suis absolument certaine que si tous les acteurs sont convaincus de la nécessité de mieux connaître la mer pour la préserver, ce sera un gage de développement. »

Source: Franceinfo – Publié le 13.02.2021
Image de une:  Pixabay

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