TOKYO – Un procureur japonais a réclamé mardi une peine de dix-huit mois de prison à l’encontre de deux militants écologistes de Greenpeace, accusés d’avoir volé de la chair de baleine.
Le procureur du tribunal d’Aomori (nord) a requis cette peine contre Junichi Sato et Toru Suzuki, deux opposants nippons à la pêche aux cétacés pratiquée par le Japon dans l’Antarctique qui sont jugés depuis février pour avoir dérobé une boîte de 23,5 kg de chair de baleine d’une valeur de 2.000 euros.
Les deux militants, qui plaident non coupable, disent avoir voulu prouver l’existence d’un trafic illégal organisé par des membres d’équipage du navire amiral de la flotte baleinière. Ils avaient remis cette boîte comme « pièce à conviction » à un procureur de Tokyo qui avait ouvert une enquête à ce sujet.
« Les actes de Junichi et Toru ont toujours été pacifiques et destinés au bien public. Il est très inquiétant qu’une peine de prison puisse leur être infligée », a dénoncé Kumi Naidoo, un responsable de l’association de défense de l’environnement Greenpeace, dans un communiqué.
« Les spécialistes des droits de l’Homme considèrent ce cas comme politique, un exemple de la tendance des autorités à utiliser la loi pour museler l’opposition », a-t-il martelé.
Selon Greenpeace, une partie de la viande ramenée de l’Antarctique était écoulée sous le manteau, alors que la chair de baleine est normalement cédée à des grossistes à un prix supervisé par les autorités.
L’enquête du procureur de Tokyo sur ce prétendu trafic avait été classée sans suite le jour même où MM. Sato et Suzuki avaient été arrêtés pour vol et entrée illégale sur une propriété privée.
Un autre défenseur des baleines est actuellement jugé au Japon : Peter Bethune, militant néo-zélandais de l’association écologiste Sea Shepherd. Il est notamment accusé d’avoir blessé au visage un marin japonais en jetant une flasque d’acide butyrique (beurre rance) en février contre un baleinier dans les eaux de l’Antarctique.
M. Bethune a reconnu s’être introduit illégalement à bord de ce navire pour protester contre la pêche, mais rejette l’accusation de « coups et blessures ». Il risque jusqu’à 15 ans de prison.
(©AFP / 08 juin 2010)