La chasse à la baleine pratiquée par le Japon, et qualifiée de «scientifique», est en fait un gouffre financier soutenu artificiellement par les fonds publics. C’est la conclusion à laquelle en vient le Fonds international pour le bien-être des animaux (IFAW) dans un rapport rendu public mardi.

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Selon l’analyse du groupe écologiste, Tokyo doit injecter plus de 10 millions de dollars par année afin d’entretenir sa flotte baleinière et de financer la campagne annuelle de chasse dans l’océan Austral. Or, l’argent généré par la vente de viande de baleine est loin de couvrir l’ensemble des coûts, évalue l’IFAW.

«L’industrie baleinière est dans le rouge depuis plus de 20 ans, a affirmé Patrick Ramage, un membre de l’ONG basée à Londres. C’est l’argent du contribuable qui paye cette activité et qui permet de la maintenir à flot.» Selon l’IFAW, la chasse à la baleine — que le Japon dit pratiquer pour des fins de recherche scientifique — n’est tout simplement pas «viable» d’un point de vue commercial. Malgré cela, le Japon l’État a dégagé récemment les fonds nécessaires pour maintenir à flot son industrie baleinière pour au moins une décennie supplémentaire.

Dans le rapport de 25 pages présenté mardi à Tokyo, l’organisme souligne que la consommation de viande de baleine a décliné constamment depuis les années 1960 et que le Japon en possède un stock d’environ 5000 tonnes. Selon des données rendues publiques en juin dernier par l’Institut japonais de recherche sur les cétacés, quelque 900 tonnes des 1210 tonnes de viande ramenées de la campagne 2010-2011 demeuraient invendues.

Un responsable de l’Agence de la pêche japonaise a refusé de commenter ce rapport dont il a dit ne pas avoir connaissance. Il a toutefois réaffirmé la position officielle japonaise, à savoir que cette industrie est maintenue à des fins scientifiques. Cette chasse, légale en vertu des règles fixées par les États membres de la Commission baleinière internationale, aurait permis au Japon de tuer près de 15 000 baleines depuis 1988.

Or, selon l’IFAW, les visées scientifiques de Tokyo ne tiennent pas la route. La majorité des spécialistes de la recherche sur les cétacés estiment aussi que les informations recueillies sur les carcasses sont déjà connues ou qu’elles peuvent être obtenues par des moyens non létaux.

L’IFAW presse donc le Japon à mettre fin à ses campagnes de chasse, estimant que l’industrie de l’observation des baleines est beaucoup plus rentable et durable. À travers le monde, cette industrie rapport chaque année plus de deux milliards de dollars. Uniquement au Japon, les revenus dépassent 20 millions de dollars par année.

Affrontements en mer

Le Japon a encore une fois envoyé cette année ses navires dans les eaux ceinturant le continent Antarctique. L’Agence de la pêche japonaise a indiqué que l’objectif était de tuer environ 935 petits rorquals et 50 rorquals communs d’ici au mois de mars. Ces deux espèces peuvent être observées dans le Saint-Laurent.

Les chasseurs japonais sont régulièrement harcelés par l’organisation animaliste Sea Shepherd, qui pourchasse littéralement les navires japonais pour les empêcher de mettre à mort des cétacés. Fondé par le Canadien Paul Watson, le groupe a envoyé cette année quatre navires afin d’intercepter les baleiniers. Cette neuvième campagne est la plus ambitieuse jamais entreprise. L’objectif est de «protéger le sanctuaire des baleines dans les mers du Sud». Selon son fondateur, les actions de son groupe sont «non violentes et légales».

Au cours des dernières années, les campagnes ont donné lieu à plusieurs affrontements entre les militants et les navires japonais. Les animalistes attaquent habituellement les baleiniers en lançant des bombes puantes sur le pont ou en tentant de stopper leurs hélices de propulsion à l’aide de câbles. Les Japonais répliquent à l’aide de canons à eau ou encore en tentant de frapper les zodiacs de Sea Shepherd à l’aide d’ancres. En janvier 2010, un bateau de Sea Shepherd a même été coupé en deux par un baleinier.

La Norvège et l’Islande mettent aussi à mort des cétacés année après année. Les deux pays pratiquent d’ailleurs ouvertement une chasse commerciale, puisqu’ils ont refusé d’adhérer au moratoire adopté par plusieurs États en 1986. Les deux pays ciblent des petits rorquals et des rorquals communs, deux espèces dont les cheptels sont méconnus.

Avec l’AFP

Source : lemonde.fr (05.02.13)

Source photo : wikipedia.org


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