Depuis 2002, le Japon commercialise le rorqual, une espèce menacée. La CITES, l’organisation mondiale de protection de la nature chargée de réguler le commerce des espèces menacées, n’a pourtant pas interdit cette pratique, affirmant attendre plus de renseignements de la part du pays qui déclare ne s’adonner à la chasse à la baleine qu’à des fins scientifiques : une véritable politique de bras croisés !
La CITES, l’organisme de conservation le plus important au monde, s’est voulu prudent et a refusé de prendre des mesures contre le Japon qui commercialise le rorqual boréal, une espèce menacée. La convention attend plus de renseignements pour trancher. Les organisations de défense des animaux, quant à elles, ne décolèrent pas.
Une décision reportée relative à la pêche des rorquals, espèce menacée
C’est un nouvel échec de la CITES (Convention sur le Commerce International des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) contre le Japon. L’organisme de conservation le plus important au monde s’est voulu prudent. Ainsi, il a refusé de prendre des mesures contre le Japon qui commercialise le rorqual boréal, une espèce menacée. La CITES attend du Pays du soleil levant plus de renseignements. Pourtant, plusieurs gouvernements se sont montrés très inquiets à ce sujet. Une décision reportée donc sine die.
La colère était palpable chez certains responsables suite à ce report. ‘Les gouvernements de la CITES échouent à mettre le Japon face à ses responsabilités’, a ainsi déclaré Matt Collis, directeur des politiques internationales au sein d’IFAW (le Fonds international pour la protection des animaux). Avant de poursuivre sur le même ton : ‘Voilà maintenant 15 ans que le Japon importe de la viande et des parties de rorqual boréal à des fins commerciales alors que c’est strictement interdit par la CITES, mais aucune mesure n’a été prise pour contrer cela ‘.
Le 22 novembre dernier déjà, IFAW critiquait vivement la CITES qui « s’obstine à jouer un double jeu vis-à-vis des pays développés et des pays en développement qui transgressent ses propres règles », notamment en ce qui concerne les éléphants et les baleines.
Une étude montre que 95 % des sanctions commerciales adoptées par la CITES visent des pays en voie de développement alors que ces derniers ont d’énormes difficultés à mettre en application les conditions qu’elle leur impose. Les embargos sont utilisés comme des mesures de rétorsion qui sanctionnent les pays commercialisant les espèces protégées par la CITES.
Le Japon déclare ainsi ne s’adonner à la chasse à la baleine qu’à des fins scientifiques
La 69e réunion du CITES se déroule à Genève jusqu’au 1er décembre, et devait permettre d’avancer sur ce dossier. En effet, les chiffres devaient notamment appuyer les arguments contre le Japon qui commercialise depuis 2002 le rorqual, alors que c’est interdit puisqu’il s’agit d’une espèce menacée.
Mais l’argument avancé est difficile à contrer. Le Japon déclare ainsi ne s’adonner à la chasse à la baleine qu’à des fins scientifiques. La CITES souhaite connaître l’utilisation finale des produits introduits au Japon. Chaque rorqual boréal pêché est empaqueté dans sa quasi-totalité, uniquement dans le but d’être vendu par la suite. Plusieurs milliers de tonnes de viande de rorqual boréal ont ainsi été écoulées ces 15 dernières années, ce qui a coûté la vie à plus de 1.400 cétacés.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice avait sommé le Japon en 2014 de mettre fin à ses campagnes de chasse régulières dans les eaux de l’Antarctique, soulignant qu’elles ne correspondaient pas aux critères scientifiques requis. De son côté, Tokyo déclare vouloir démontrer grâce à ces prélèvements à des fins scientifiques, que la population des baleines est suffisamment importante pour faire face à la reprise de la chasse !
Mais comment le Japon peut-il ainsi contourner la loi ? Il utilise des permis que la CITES octroie uniquement pour l’importation d’une quantité limitée d’échantillons scientifiques et les détourne pour importer de la viande et des parties de rorqual boréal, dans l’unique intention de les revendre sur son territoire. Matt Collis, excédé, conclut : « Pendant ce temps-là, le massacre d’une espèce menacée continue. Il est difficile de s’imaginer un autre cas ou un autre pays qui bénéficierait de ce traitement de faveur ».
Alors, l’organisme mondial du commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction joue-t-il vraiment un double jeu ?