Le plongeur pensait trouver une faune et une flore aquatiques majestueuses. Il est tombé sur une myriade de déchets de plastique. Un fléau en Indonésie.
Et si ce plongeur britannique avait découvert une nouvelle « poubelle océanique » ? Qui deviendrait alors la 6e zone marine polluée composant le célèbre « 7e continent de plastique » ? On est en droit d’y penser au vu des images que Rich Horner a rapportées de sa dernière excursion, le 3 mars 2018, au large de l’île de Nusa Penida, située au sud-est de Bali, dans l’archipel indonésien.
Publiée sur Facebook et visionnée plus d’un million de fois, sa vidéo est loin de montrer des eaux turquoises remplies de poissons multicolores. Elle est plutôt accompagnée d’un triste descriptif : « Les courants océaniques nous ont amené un joli cadeau d’une nappe de méduses, de plancton, de feuilles, de branches, de bâtons, etc. Oh, et du plastique. Des sacs en plastique, des bouteilles en plastique, des gobelets en plastique […], du plastique, du plastique, tellement de plastique ! Surprise, surprise, il n’y avait pas beaucoup de raies [deux peuvent être aperçues dans la vidéo, NDLR] à la station de nettoyage aujourd’hui… Elles ont surtout décidé de ne pas se déplacer. »
« Nous voyons malheureusement des nuages de plastique tout le temps pendant la saison des pluies, ajoute-t-il. Mais je n’ai jamais vu quelque chose comme ça à cette échelle. » Selon le plongeur, les déchets viendraient des égouts des villes côtières et des rivières, emmenés ensuite par les courants marins et les vents. Dans le cas des autres bassins du globe où l’on retrouve énormément de plastique, les courants sont influencés par la rotation de la Terre et forment ensuite des « gyres » où les détritus flottent et tournent à l’infini. Ils sont aspirés vers le centre de la spirale.
30 millions de tonnes de plastique déversées dans l’océan chaque année
La pollution aux déchets de plastique est un véritable fléau en Indonésie. 1,29 million de tonnes sont jetées en mer chaque année. Sur l’île de Java coule le Citarum, un fleuve dont la Banque mondiale dit qu’il est le plus pollué du monde. En 2017, le gouvernement indonésien a décidé d’inverser la tendance en participant à une campagne de l’ONU baptisée « Océans propres », afin de baisser de 70 % la pollution de ses eaux d’ici à 2025. Un objectif que partagent les autorités locales de l’île de Bali. Cent tonnes d’ordures sont ramassées chaque jour sur les plages, direction ensuite la décharge. Un « état d’urgence déchets » a même été décrété sur l’île de 4 millions d’habitants.
Selon les informations de Rich Horner, les morceaux de plastique auraient disparu dès le lendemain de son excursion filmée. Mais « ils ne vont pas vraiment loin ». Et surtout, avec le temps – des centaines d’années – et la dégradation solaire, ces déchets deviennent microscopiques, un désastre pour l’environnement et les animaux marins qui les ingurgitent. Selon des chercheurs de l’université de San Diego, la quantité de microplastiques a été multipliée par cent depuis environ 1970 dans le gyre du Pacifique nord. « 300 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde, dont près de 10 % finissent dans les océans », écrivait le journal Le Monde en 2012.
Source : Le Point – Publié le 07 Mars 2018
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