En cette fin d’année 2018, le Japon a annoncé officiellement son intention de poursuivre sa pratique de la chasse à la baleine, en claquant la porte de la Commission Baleinière Internationale. Mais voici pourquoi, techniquement, ce n’est pas une nouvelle.

C’est désormais officiel : le Japon va quitter la Commission Baleinière Internationale pour pouvoir librement reprendre la chasse commerciale à la baleine, une première depuis maintenant trente ans.

Officiel 

Cette annonce officielle du gouvernement a, on le devine, provoqué un véritable tollé et a suscité la colère du gouvernement australien et les critiques de la frange conservatrice de la politique japonaise.

La flotte nationale reprendra cette dramatique chasse dès le mois de Juillet 2019, comme précisé par le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, dans une décision qui défie le moratoire international sur la chasse aux grands cétacés datant de 1986.

Yoshihide Suga a expliqué que les navires se limiteraient aux eaux territoriales japonaises, tandis que sa chasse polémique dans les océans du sud du globe (sujet de grandes tensions depuis de nombreuses années avec l’Australie) prendrait fin.

Contentieux avec l’Australie 

Dans un communiqué commun, Marise Payne et Melissa Pryce, respectivement Ministre des Affaires Étrangères et Ministre de l’Environnement, ont expliqué qu’elles étaient extrêmement déçues de l’attitude du Japon, officialisant son retrait de la CBI pour mieux chasser les cétacés en toute impunité.

Pourtant, la science démontre régulièrement que les populations de grands cétacés ne se sont pas complètement rétablies, tandis que des espèces demeurent désespérément sur la liste rouge de l’IUCN, à l’instar de la baleine bleue, du rorqual commun ou encore du rorqual boréal.

Selon plusieurs associations, le Japon commet une terrible erreur à l’époque où l’on parle plus que jamais de protection de l’environnement et où les baleines sont plus que jamais menacées par l’appauvrissement des océans en krill, par les collisions avec des navires, par les prises accidentelles, par la pollution au plastique et, bien sûr, par la chasse commerciale.

Étouffer la polémique 

Sans parler que pour certaines ONG, le Japon a délibérément choisi de rendre cette annonce officielle en pleine période de Noël, dans l’espoir d’éviter un maximum de retombées négatives.

Raté.

Si l’Australie se montre particulièrement virulente dans ses critiques vis-à-vis du Japon, c’est parce que le continent a un contentieux de longue date envers le Japon voisin, qui n’hésite pas à régulièrement pénétrer dans ses eaux territoriales afin de traquer de grands mammifères marins, ainsi que dans l’Antarctique, continent de glace que l’Australie travaille à préserver depuis des décennies.

Populations rétablies ? 

Mais pour l’Archipel, il serait possible de chasser en toute impunité la baleine de Minke, dont les populations se seraient suffisamment reconstituées de sorte à pouvoir supporter une chasse commerciale régulière.

Pourtant, là où les Japonais consommaient 200 000 tonnes de chair de baleine par an dans les années 60, cette consommation a aujourd’hui chuté à 5000 tonnes par an.

Techniquement, si cette annonce a provoqué l’ire de l’opinion internationale, le Japon n’a jamais véritablement cessé sa chasse aux cétacés. La seule différence étant que, par le passé, le pays maquillait cette pêche en une chasse dite « scientifique », la seule tolérée par la CBI.

Le Japon rejoint donc, officiellement tout du moins, les tristes et maigres rangs des pays qui persistent dans cette terrible chasse, aux côtés de l’Islande et de la Norvège.

Source : Oh my Mag – Publié le 26 décembre 2018
Photo de une : Wikipedia

 

Loading...