Traduction de David Delpouy pour #Réseau-Cétacés d’un article de Cara Sands publié le 3 octobre 2019 sur le blog du Dolphin Project.
Pour diffusion immédiate : 3 octobre 2019 à TOKYO – Trois ans et huit mois après l’expulsion de Richard O’Barry du Japon, le tribunal de district de Tokyo a prononcé l’annulation de la mesure d’expulsion prise par le ministère de la Justice. Dans une décision sur l’affaire opposant Richard O’Barry à l’Etat japonais, le tribunal a statué en faveur de Richard O’Barry, jugeant que son refus de séjour (daté au 20 janvier 2016) et son expulsion (datée au 5 février 2016) étaient juridiquement infondés.
« J’apprends à l’instant que le tribunal japonais a tranché en ma faveur. C’est une excellente nouvelle. La justice a été rendue. J’ai un message à adresser aux juges qui ont statué en ma faveur: merci d’avoir fait preuve d’impartialité. Je ne vous décevrai pas. Je n’ai jamais enfreint le système juridique japonais et je continuerai d’être en conformité avec les règles de droit. J’ai hâte de revoir votre magnifique pays et tous mes amis japonais, en particulier ceux qui travaillent sans relâche pour faire cesser le massacre non justifié des dauphins à Taïji. Je continuerai à soutenir leur mouvement pacifique, avec déférence, en bon touriste respectueux des lois. » ~ Ric O’Barry, fondateur et président du Dolphin Project
L’un des principaux enjeux était de savoir si Ric O’Barry pouvait prétendre à un visa de « court séjour ». Le tribunal a estimé que oui, au motif que les explications fournies par Richard O’Barry (lors de son audience) étaient crédibles et cohérentes avec ses dernières activités sur le sol Japonais. Chacun des arguments supplémentaires avancés par le gouvernement s’est révélé être insuffisant.
« Aujourd’hui à Tokyo, trois juges ont montré avec intelligence que Monsieur O’Barry était une personne pacifique et respectueuse des lois, et que le Japon pouvait être un pays démocratique et ouvert d’esprit, capable d’accepter des opinions divergentes. » ~ Maître Takashi Takano, avocat.
Contexte
Le 18 janvier 2016, Richard O’Barry était arrêté par des agents de l’immigration japonaise après son arrivée à l’aéroport international de Narita, à Tokyo. Il fut interrogé à plusieurs reprises et placé dans une structure d’accueil des expulsés, semblable à une prison. Selon son avocat, Maître Takashi Takano, il a été expliqué à Richard O’Barry qu’il ne pouvait pas entrer au Japon avec un visa de touriste car son statut de touriste n’était pas « totalement avéré ». Deux jours après, le 20 janvier 2016, le ministère japonais de la Justice rejetait la demande de Richard ‘O’Barry d’entrer dans le pays. Les agents de l’immigration établirent également un ordre de départ. Richard O’Barry refusa de partir, déterminé à attaquer l’arrêté d’expulsion. Son avocat déposa une objection formelle, avec la décision à formuler par le gouvernement d’autoriser la présence de Ric O’Barry dans le pays ou de l’expulser. Les autorités refusèrent de communiquer à Maître Takashi Takano des informations justifiant leur décision, et l’objection de Richard O’Barry fut rejetée. Bien qu’il ait été arrêté pour interrogatoire à chaque visite au Japon, aucun événement de cette ampleur n’avait encore eu lieu auparavant.
Indignation internationale
Les jours s’écoulaient, et Ric O’Barry, alors âgé de 76 ans, était incarcéré et interrogé à plusieurs reprises dans un centre de détention japonais. Sa famille était inquiète pour sa santé et sa sécurité. Des personnes du monde entier contactaient le Dolphin Project pour connaître la date de sa libération. Ric O’Barry voyageait depuis des années au Japon et y comptait de nombreux amis. C’est un pays qu’il aime beaucoup, et parle toujours de ses habitants avec un immense respect. Et, tout en portant sa « casquette » de militant, il s’est toujours conformé à la Loi japonaise.
Vidéo de l’entretien de Lincoln O’Barry avec CNN International au sujet de la détention de Ric O’Barry à Tokyo, au Japon
Le 5 février 2016, dix-neuf jours après sa mise en détention, Ric O’Barry fut expulsé du Japon. Maître Takashi Takano déclarait à l’époque:
« Durant cette période, Richard O’Barry a perdu plus de dix kilos et a souffert d’une douleur thoracique mineure. En ce qui concerne le refus de son entrée dans le pays et le motif de sa détention, l’explication du Bureau semble très obscure. Le ‘tourisme’ ne consiste pas simplement à ‘faire du tourisme’, il inclut également des activités telles que la visite de lieux de catastrophe ou d’holocauste. Les visites de Monsieur O’Barry dans ‘La Baie’ de Taïji et ses comptes-rendus sur la chasse au dauphin doivent être considérés comme une activité touristique légitime ».
Immédiatement, l’équipe de juristes du Dolphin Project a déposé une opposition, suivie d’une action en justice officielle.
« C’est une victoire non seulement pour Ric, mais également pour les citoyens japonais. La décision judiciaire d’aujourd’hui nous montre que nous vivons dans un pays démocratique, c’est ce qui me rend si fier. » ~ Maître Megumi Wada, du cabinet d’avocats de Maître Takashi Takano
Il est possible que le gouvernement fasse appel, mais en attendant cette décision sera maintenue. Le Dolphin Project aimerait remercier toutes les personnes qui se sont battues pour Ric O’Barry. Vos tweets, courriels, appels et dons ont fait la différence ! Nous souhaitons également remercier Matt Sorum, Leilani Munter, Maisie Williams, Slash, Brian May et Tom & Kim Scholz. Merci au membre du Congrès Ted Lieu, au Département d’État des États-Unis, à l’ambassade des États-Unis à Tokyo et aux cabinets d’avocats de Maître Takashi Takano.
Photos : Dolphin Project