Si les dauphins ne sont pas directement visés par la pêche, leurs populations, évaluées dans l’océan Indien, se sont effondrées en seulement 35 ans à cause des gigantesques filets maillants utilisés pour la pêche au thon.

Une équipe internationale dirigé par le Dr Charles Anderson de l’organisation Manta Marine aux Maldives dont faisait partie le Dr Putu Mustika de l’Université James Cook, a examiné les prises accessoires (non volontaires) de dauphins à cause des filets maillants de la pêche au thon.

« Nous avons combiné les résultats de 10 programmes d’échantillonnage de prises accessoires entre 1981 et 2016 en Australie, au Sri Lanka, en Inde et au Pakistan pour estimer les taux de prises accessoires de cétacés (baleines, dauphins et marsouins) dans toutes les pêcheries de thon au filet maillant de l’océan Indien », détaille le Dr Mustika.

Même si certaines données officielles n’étaient pas fiables, les scientifiques ont tout de même pu dresser un tableau crédible des captures de dauphins et il est effarant : la population de dauphins s’est effondrée de plus de 85 % en seulement 35 ans.

4,1 millions de petits cétacés ont été les victimes des prises accessoires entre 1950 et 2018.

« La grande majorité des prises accessoires de cétacés sont des dauphins. Les prises accessoires estimées de cétacés ont culminé à près de 100 000 par an entre 2004 et 2006, mais sont tombées à 80 000 animaux par an, malgré une augmentation de l’effort de pêche au thon au filet maillant », a déclaré Putu Mustika qui précise que ces chiffres pourraient être considérablement plus élevés car ils ne tiennent pas compte de la mortalité différée des cétacés qui, blessés, s’échappent des filets ou la mortalité associée aux filets fantômes, ces filets abandonnés dans l’océan mais qui continuent de piéger et tuer la vie marine.

Les pays avec les plus grandes prises actuelles de thon au filet maillant et donc ceux les plus susceptibles de tuer des petits cétacés sont : Iran, Indonésie, Inde, Sri Lanka, Pakistan, Oman, Yémen, Émirats arabes unis et Tanzanie.
Notons que l’Iran et l’Indonésie ne comptabilisent pas les prises accessoires de cétacés et que certains pays rapportent des chiffres qui pourraient ne pas être exacts.

« Les prises accessoires de cétacés dans les pêcheries de thon au filet maillant de l’océan Indien sont une préoccupation depuis des décennies mais ont été mal étudiées, reflétant la réalité politique selon laquelle des centaines de milliers de pêcheurs relativement pauvres et leurs familles dépendent des pêcheries au filet maillant », explique le Dr Putu Mustika.

La pêche au thon, c’est aussi l’utilisation de dispositif de concentration de poissons (DCP) : des systèmes particulièrement mortels pour la vie marine. Tout ça pour une boîte de thon…

Source : notre-planète.info – Publié le 05.03.2020
Photo de une : Pixabay

 

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