Une équipe du Dolphin Project a visité le parc zoologique d’Attique en Grèce en 2018 afin d’y évaluer les conditions de vie des dauphins. Nous avons constaté que plusieurs dauphins étaient confinés dans de petits bassins sans possibilité de se mettre à l’ombre. Bien que la législation grecque interdise, depuis 2012, les spectacles mettant en scène des animaux, les dauphins ont été présentés au public plusieurs fois dans la journée. Ils ont été dressés pour sauter et vocaliser sur commande, faire des pirouettes et  nager à toute allure autour du bassin, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Sur son site web, le zoo d’Attique a publié à destination des visiteurs une carte indiquant ses différents spectacles animaliers. Le bassin des dauphins est le seul qui soit entouré de nombreux gradins destinés à l’accueil du public. Pour autant, le zoo d’Attique ne se résout toujours pas à parler de spectacle. Il parle plutôt d’un «programme pédagogique sur les mammifères marins». Pendant les représentations, les dresseurs racontent comment les dauphins communiquent, parlent de la vitesse qu’ils peuvent atteindre en nageant ou, encore, expliquent comment ils respirent. De nombreux delphinariums donnent volontiers quelques informations sur la physiologie des dauphins pour faire croire à un spectacle pédagogique. Cela ne change rien au fait que les dauphins soient confinés au beau milieu d’un stade, contraints à s’exhiber pour le seul plaisir des spectateurs. Il est de plus tout à fait paradoxal d’entendre une dresseuse parler de la vitesse de pointe des dauphins alors qu’elle en désigne un qui est pris au piège dans un minuscule bassin et qui n’a nulle part où nager.

En octobre 2018, le ministère grec de l’Environnement et de l’Énergie a infligé une amende de 44 360 euros au zoo d’Attique pour avoir enfreint la loi qui interdit l’utilisation d’animaux dans les spectacles. Selon nos contacts en Grèce, le zoo d’Attique a fait appel et a, en outre, soutenu que ses spectacles de dauphins avaient une visée éducative et non récréative. Heureusement, les autorités grecques n’ont pas accepté l’exploitation des dauphins par le zoo, et nous avons le plaisir d’annoncer que, le 13 mars 2020, les autorités gouvernementales ont retiré au delphinarium sa licence d’exploitation.

Cette décision est le fruit de plusieurs années de mobilisation. De nombreuses pétitions et manifestations ont été menées par plusieurs ONG en Grèce et à l’étranger. Le Dolphin Project a manifesté plusieurs fois au zoo et en 2018, nous avons essayé de convaincre le zoo de créer, en Crête, un sanctuaire en bord de mer pour les dauphins captifs se trouvant dans l’impossibilité de regagner le milieu naturel. Malheureusement, le propriétaire du zoo était davantage intéressé par l’idée de construire un nouveau « bassin pour dauphins retraités », comme il aimait à l’appeler. Il est donc impossible de travailler ensemble et le projet de sanctuaire du Dolphin Project se poursuit sans le zoo d’Attique.

Bassin du zoo d’Attique ~ Photo : Dolphin Project

Reste à savoir ce qu’il adviendra des dauphins qui vivent au zoo d’Attique, détenteur du seul delphinarium de Grèce. Situé dans la banlieue d’Athènes à Spata, il compte actuellement sept dauphins dressés pour des représentations publiques.

Deux d’entre eux proviennent du Musée lituanien de la Mer. Baptisés Lima et Nojus, ils sont arrivés au zoo d’Attique en 2010. Le Parc Astérix a ensuite envoyé deux autres dauphins, Ekinox et Naska, en 2016.

Quatre dauphins supplémentaires sont arrivés en août 2016 en provenance du parc d’attractions Särkänniemi à Tampere, en Finlande, suite à la fermeture de leur delphinarium, très controversé. L’un d’eux, Delfi, qui avait été capturé en Floride, aux États-Unis, en 1984, est décédé en janvier 2017, cinq mois seulement après son arrivée. Les trois autres sont Veera, également capturée en Floride en 1984, Leevi et Evertti, tous deux nés au delphinarium de Särkänniemi.

Depuis 2010, ce sont en tout sept dauphins qui sont morts au zoo d’Attique. Sur les sept survivants, il ne reste qu’une seule femelle : Veera. Elle qui nageait autrefois en toute liberté au large des côtes de la Floride est enfermée depuis maintenant 36 ans.

Nous félicitons les autorités grecques d’avoir pris la décision d’aider à mettre fin à l’exploitation commerciale des dauphins via le spectacle. Nous encourageons fortement le zoo d’Attique à franchir un nouveau palier et à placer ses dauphins captifs dans un sanctuaire où ils pourront vivre paisiblement leur vie, en toute dignité.

 

Traduction par Léana Bag et Michaël Arlandis, pour Réseau-Cétacés, d’un article publié sur le site du Dolphin Project, le 30 mars 2020.
Photos : Dolphin Project

 

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