Saviez-vous qu’en termes de taille et de complexité, les cerveaux des bélugas sont parmi les plus sophistiqués chez les cétacés ?

Ces prodigieux et imposants cerveaux sont à la base de leur remarquable intelligence, de leurs capacités complexes de communication et de leur nature extrêmement curieuse.

En effet, le cerveau du béluga est volumineux. Il pèse environ 2 kg (contre 1.3 kg chez l’homme) et fait plus de deux fois la taille attendue chez un mammifère par rapport à sa masse corporelle. Cela signifie que, comme chez les humains, les bélugas ont de nombreuses facultés cérébrales de réserve une fois prises en compte celles nécessaires à l’entretien corporel. Autrement dit, de nombreux tissus cérébraux sont consacrés aux capacités « éminentes » comme la résolution de problèmes, les émotions et la communication.

Le cerveau des bélugas possède plusieurs caractéristiques qui, nous le savons, sont liées à l’intelligence complexe propre à tous les mammifères. Leur néocortex – la partie du cerveau impliquée dans la pensée analytique, la conscience de soi, le raisonnement, la perception et la communication – présente encore plus de replis (appelés circonvolutions) que chez le nôtre, révélant une surface plus étendue.

Cette élaboration extensive du néocortex laisse supposer que les bélugas sont susceptibles d’y détenir davantage d’aires de traitement que chez nous. Nous commençons à peine à comprendre ce que cela signifie, s’agissant des manières élaborées dont ils sont capables de traiter les informations, en comparaison des humains.

Nous savons que les dauphins et autres cétacés traitent les informations différemment des humains. En effet, la partie de leur néocortex traitant en premier lieu le son est juste à côté (elle est adjacente) de la partie de leur néocortex traitant en premier lieu la vision. Le cerveau humain est organisé très différemment : ses entrées sonores et visuelles doivent traverser de nombreux « territoires » cérébraux avant de se rejoindre. Les scientifiques pensent que ce que l’on appelle la contiguïté corticale, dans le cerveau des dauphins et des baleines, est susceptible de faciliter l’écholocalisation, dans laquelle l’imagerie sonore et visuelle sont interchangeables.

Cette toute-puissance cérébrale rend les bélugas naturellement curieux de leur environnement, et totalement inadaptés aux conditions immuables d’un bassin stérile en béton. Ces cerveaux volumineux permettent aussi aux bélugas d’assimiler des traditions culturelles qu’ils transmettent, par l’apprentissage, d’une génération à l’autre. Cela signifie qu’ils stockent de nombreuses connaissances dans leur mémoire. Tout comme nous, ils ont besoin d’explorer, d’examiner, de jouer, d’apprendre et d’être questionnés à la fois par leur milieu de vie et leur environnement matériel.

Et c’est ce que nous fournirons aux résidents de notre sanctuaire : une chance d’entretenir finalement les facultés des prodigieux et imposants cerveaux des bélugas.

Traduction par Camille Le Boité pour Réseau-Cétacés d’un article de Lori Marino, publié le 26 mai 2020 sur le site The Whale Sanctuary Project.
Photo : Ansgar Walk ~ wikimedia.org
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