Sea Shepherd a tourné une vidéo au large de la pointe de Penmarc’h, dans le Finistère. On y voit un navire fileyeur remonter son filet où sont pris au piège des dauphins. 

« Nous patrouillons régulièrement sur la zone », indique Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France. « Nous avons déjà filmé ce bateau il y a une dizaine de jours. Nous avions compté 49 requins dans un coup de filet ».

Le bateau, immatriculé à Arcachon, aurait déclaré ces prises accidentelles, telles que la loi le lui impose et aurait subi un contrôle de la gendarmerie maritime suite à l’intervention de Sea Shepherd.

« Les filets sont posés au milieu des dauphins »

Avec cette vidéo et, plus largement, avec sa campagne « Operation Dolphin Bycatch 2020 », l’association de défense du monde marin demande l’interdiction de certains navires de pêche dans les zones sensibles : fileyeurs, senneurs, chalutiers, bolincheurs.

« Ce ne sont pas des prises accidentelles : les filets sont posés au milieu des dauphins ! » dénonce Lamya Essemlali. « Les dauphins suivent leurs proies et se retrouvent dans les endroits où les navires pêchent ».

L’association demande la mise en place de la surveillance vidéo sur les bateaux de pêche et dénonce la mise en place de répulsifs acoustiques, « dont l’effet serait catastrophique, excluant les dauphins de leur zone de repas ».

Y a-t-il davantage de dauphins ?

Perrine Ducloy est chargée de mission environnement au sein du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins.

« Le problème des captures accidentelles vient en effet d’une interaction spatiale : les dauphins communs se nourrissent des mêmes proies que les poissons pêchés par les pêcheurs », confirme-t-elle. « Mais depuis plusieurs années, les pêcheurs nous rapportent une augmentation significative des dauphins sur les zones de pêche ».

Déplacement des cétacés ou véritable augmentation ? Aucune étude sur le sujet n’a été faite depuis 2011, sur le secteur du golfe de Gascogne.

« Il n’y aura jamais zéro capture »

« Interdire des zones de pêche n’a pas de sens car les populations de dauphins bougent, on ne peut pas prédire où auront lieu les captures », poursuit Perrine Ducloy, du Comité des pêches.

Interdire certaines pratiques de pêche ? « Il n’y aura jamais zéro capture, ou il faut arrêter la pêche ! » Le Comité se concentre plutôt sur des solutions techniques, comme les pingers (répulsifs acoustiques en question), « testés sur les chalutiers pélagiques et efficaces car ils permettent d’éviter 65 % des prises ».

La chargée de mission réfute l’argument de la dangerosité de ces systèmes. « Cela repousse effectivement les dauphins mais très localement, pas à des kilomètres ».  Si la trentaine de chalutiers pélagiques du golfe de Gascogne en est équipée, ce ne sera pas le cas de tous les fileyeurs, qui sont plus de 400 sur la zone. Le Comité développe donc d’autres solutions techniques comme les répulsifs acoustiques qui se mettent en marche seulement lorsqu’ils détectent un dauphin. Ce qui reste insuffisant, pour l’association Sea Shepherd : « L’océan n’appartient pas aux pêcheurs. Et nous dépendons de sa survie ».

Source : Ouest-France – Publié le 04.09.2020
Vidéo de une : Youtube Sea Shepherd

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