Une nouvelle étude sur les déplacements du plus grand mammifère du monde a mis en évidence une connexion spéciale avec la Nouvelle-Zélande.

En utilisant des hydrophones, c’est à dire des microphones sous-marins, des chercheurs de l’Université d’Auckland et de l’Institut National de la Recherche Aquatique et Atmosphérique (NIWA) ont mis en commun des ressources internationales pour comprendre le déplacement des baleines bleues de l’Antarctique dans l’océan Pacifique.

Parmi les chercheurs en quête de ces géants, figurait la professeure agrégée Rochelle Constantine. Elle raconte au Summer Times que des hydrophones ont été installés dans la partie centrale de la Nouvelle-Zélande, y compris le détroit de Cook, avec l’idée d’enregistrer tous les sons émanant de cette zone.

«Dans le cadre de l’étude, nous avons collecté des données sur tous les types de baleines, mais cette étude particulière s’est concentrée sur les baleines bleues qui traversent les eaux néo-zélandaises.»

Les hydrophones ont chacun été déployés pendant environ six mois, avec l’espoir d’enregistrer des baleines bleues pygmées et des baleines bleues de l’Antarctique.

«Ce que nous avons découvert nous a vraiment impressionnés.»

Rochelle Constantine affirme que la Nouvelle-Zélande constitue un excellent chemin de migration pour les baleines parce que c’est un pays long et fin. Elle explique que les baleines évoluaient régulièrement dans les eaux néo-zélandaises jusqu’à ce que la chasse commerciale à la baleine décime leur nombre.

«C’est excitant de mieux comprendre leur retour, leur migration dans nos eaux.»

Elle explique que des études approfondies ont porté sur les baleines bleues pygmées, mais que les baleines bleues de l’Antarctique – qui sont les plus grandes baleines sur Terre – sont beaucoup plus insaisissables.

«Elles sont plus énigmatiques, nous ne les voyons pratiquement jamais. Mais, dans cette étude, nous les entendons. Nous les entendons principalement pendant les mois d’hiver lorsqu’elles migrent vers le nord, de leurs aires d’alimentation en Antarctique vers des zones de reproduction inconnues sous les tropiques.»

Les chercheurs soupçonnent les baleines bleues de l’Antarctique de se reproduire quelque part dans les eaux au large des îles Tonga et Samoa.

«Ensuite, nous les entendons à nouveau plus tard, au printemps, alors qu’elles regagnent le sud pour se nourrir dans l’Antarctique. »

Rochelle Constantine explique que les baleines bleues de l’Antarctique, qui sont l’une des baleines les plus menacées d’extinction, ne s’approchent presque jamais des côtes et sont rarement repérées.

«Nous comptons beaucoup sur les sociétés d’observation des cétacés et les exploitations pétrolières et gazières pour nous informer sur ce qu’elles voient. Nous les apercevons donc rarement, mais nous les savons dans nos eaux. C’est passionnant.»

Les baleines bleues de l’Antarctique ont tellement été chassées que leur nombre a été réduit à moins de 1% de leur ancienne population.

«Aujourd’hui, après 55 ans de protection, nous estimons qu’elles ont recouvré environ 3% de leur effectif d’avant leur exploitation. Dans l’ensemble de l’océan Austral, leur nombre est évalué à environ 10 000 baleines.»

Les chercheurs ont découvert que les baleines remontent la côte Est de la Nouvelle-Zélande en passant par la région de Taranaki, où se trouvent beaucoup d’exploitations pétrolières et gazières. Bien qu’il ait déjà été question de protéger les baleines pygmées dans cette zone, Rochelle Constantine affirme qu’il faut désormais se préoccuper de la baleine la plus exposée au danger d’extinction.

«Je pense que la Nouvelle-Zélande a un rôle à jouer dans la protection des océans. Rien n’est plus magnifique que d’observer une baleine bleue de l’Antarctique, c’est comme regarder une île nager dans l’eau.»

Traduction par Camille Le Boité pour Réseau-Cétacés d’un article, publié le 13 janvier 2021, sur le site d’actualités néo-zélandais RNZ.
Photo : Supplied/ Kristin Hodge

 

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