Vous l’avez sans doute repéré sur vos boîtes de thon, vos surgelés, vos bâtonnets de crabe… Un logo en forme de poisson, surmonté des lettres MSC (pour Marine Stewardship Council, Conseil pour la bonne gestion des mers) et de la promesse « pêche durable ». Ce label a été créé à la fin des années 1990 par le WWF, le Fonds mondial pour la nature, en collaboration avec le géant de l’agroalimentaire Unilever.
Face à l’épuisement des ressources en mer, il promeut des mesures telles que cibler la pêche sur les espèces les plus abondantes, ou encore employer des filets aux mailles plus grosses… Selon le directeur Europe de MSC, Edouard Le Bart, le label ne se contenterait pas de respecter les quotas, mais vérifierait « que le système de gestion va permettre d’assurer la durabilité à long terme de la pêche ».
« Couverture pour la grande distribution », « parapluie de la durabilité » ?
Ce n’est pas l’avis de Frédéric Le Manach, directeur scientifique de l’association Bloom. En 2005, son ONG, spécialisée dans la lutte contre la surpêche, s’est associée au label MSC. Mais depuis, elle a fait machine arrière.
« Aujourd’hui, le label, affirme-t-il, il sert surtout de couverture à la grande distribution et aux marques qui vendent beaucoup de poisson, parce que ça leur permet d’afficher une pêche durable. Donc c’est vraiment une sorte de parapluie de la durabilité, qui permet de dire : ‘Regardez, on a fait le job, ce qu’on vous propose ne détruit pas l’environnement’. »
« On sait maintenant, poursuit-il, que la pêche durable et certifiée MSC, c’est avant tout de la grande pêche industrielle. » Ce qui, selon lui, s’explique par les besoins des acteurs de la grande distribution comme Carrefour ou Système U : « des volumes constants, de qualité constante, à prix constant, du même poisson toute l’année. »
Entre les améliorations et les dégradations, l’impact du label serait quasi nul
Le label fondé par WWF serait-il inefficace pour protéger les océans ? Selon des rapports cités par le MSC, la population de lieus noirs augmente en Arctique. Même constat pour la plie en mer du Nord. Mais d’autres espèces ne sont plus assez nombreuses pour se reproduire. C’est le cas du cabillaud en mer du Nord, et du maquereau en Atlantique.
Les chercheurs de l’Institut océanographique de Kiel, en Allemagne, ont étudié l’évolution des stocks des poissons labellisés MSC entre 2006 et 2012. Résultat : entre les améliorations et les dégradations, l’impact du label serait quasi nul. « Nos données ne valident pas l’affirmation selon laquelle la certification du MSC permet de reconstituer les océans », concluent les scientifiques.
Source: France Info – Publié le 18.02.2021
Image de une: Pixabay
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