Une année sans voyage, pour beaucoup, 2020 et ce début 2021 sont synonymes de « staycation », de vacances à la maison ou au pays. Vols annulés, séjours reportés, croisières interdites… Globalement, cela s’est traduit par une diminution des émissions carbone. Modeste mais notable, moins 7% en un an. Dans beaucoup d’endroits, la nature a repris ses droits. Des tortues marines ont pu pondre sur des plages thaïlandaises désertées. Les baleines du Pacifique nord ont retrouvé le calme et peuvent communiquer sans être parasitées par le bruit des hélices et de moteurs des paquebots de croisière. Mais ailleurs, principalement dans les pays en développement, l’absence de guides ou l’impossibilité pour les gardes d’accomplir leur mission de surveillance dans les parcs nationaux a laissé la voie libre aux braconniers et au déboisement illégal. La disparition des rentrées liées au tourisme a aussi asséché les budgets de protection de la nature.

La crise Covid et le confinement ont donc été à la fois une bénédiction et une malédiction pour l’environnement, écrit le NY Times.

Effets positifs et négatifs

Pour bien comprendre l’enjeu, le journal américain fait parler les chiffres de la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Moins 10% aux Etats-Unis. Moins 7% au niveau mondial. C’est beaucoup et peu à la fois. C’est du jamais vu depuis un siècle. Mais ces 7% de réduction annuels sont en fait ce qu’il faudrait maintenir jusqu’en 2030 pour remplir les objectifs de l’accord de Paris sur le climat.

D’autres diminutions d’émissions de gaz ont par contre contribué au réchauffement climatique. Moins d’aérosols, de sulfates, de nitrates, de poussières minérales, c’est moins de protection contre les rayons du soleil et une planète plus chaude.

A chaque fois, un effet positif et un côté négatif donc. Pareil pour la faune qui retrouve ses droits, en Europe, en Asie, en Afrique. Plus de hordes de touristes, du calme pour les tortues marines qui viennent se reproduire sur les plages de Phuket. Des baleines audibles pour les chercheurs qui se rendent compte qu’elles peuvent enfin communiquer entre elles dans les eaux du sud de l’Alaska désertées par les croisiéristes. Des espaces naturels qui se régénèrent sans les touristes. Pareil pour les éléphants, les singes, les lamantins…

Mais aussi des parcs sans safari, sans surveillance où les braconniers et les trafiquants ont le champ libre. Au Botswana, en Afrique du Sud, au Congo… Des animaux vivant en milieu urbain, comme les mouettes, les rats ou les singes, qui ont du mal à se nourrir sans la nourriture humaine. Un bras de mer près de Seattle envahi par les plaisanciers qui perturbent les baleines. Le revers de la médaille. Car à la faveur du confinement, l’homme a redécouvert la nature. Et plus près de chez nous, comme le relève Bruzz, des parcs bruxellois piétinés, du gazon écrasé par un public trop nombreux, un Bois de la Cambre saturé, trop de promeneurs en forêt ou dans les Hautes Fagnes et des arbres renversés, des champignons écrasés et des animaux apeurés.

En Wallonie, Natagora observe un peu moins de pollution, mais souligne que pour que cela ait un effet, il faudrait que ce soit sur le long terme.

En conclusion le NY Times s’interroge sur la suite des événements : quels sont les aspects qui vont perdurer une fois cette crise terminée ? Il n’y a pas de réponse claire à la question. L’avenir sera ce que nous en faisons. Cette crise peut inspirer des stratégies innovantes pour partager l’espace de notre planète entre activités humaines et la faune, estime une étude scientifique parue en juin dernier. Les défenseurs de la nature espèrent que le touriste post-Covid réfléchira mûrement avant de reprendre l’avion, qu’il privilégiera les voyages durables, qu’il préférera les longs séjours « découverte », d’un mois, aux mini-trips en avion par exemple.

Source: RTBF – Publié le 12.03.2021
Image de Une: Pixabay

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