Qu’elle soit d’origine chimique, plastique ou encore sonore, la pollution ne cesse de faire disparaître des espèces. Un constat alarmant. Cependant, pointe de positif : certains continuent de se battre et de lutter
Étoiles de mer, hippocampes, girelles, labres, serrans ou encore posidonies, tortues et raies, la mer Méditerranée regorge d’espèces de toutes sortes, allant du poisson à l’algue en passant par le mammifère marin comme le dauphin ou le cachalot.
Tout d’abord, parlons géographie : savais-tu que la Méditerranée, avec ses 2,5 millions de km2, est la plus grande mer « semi-fermée » du monde ? Elle représente l’équivalent d’1 % d’eau de la planète et regroupe à elle seule près de 10 000 espèces différentes.
Sur le papier c’est joli, mais lorsque tu regardes de plus près, lorsque tu écoutes, tu peux voir que certaines espèces se font rares, tu peux entendre la mer Méditerranée souffrir.
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Sans vouloir te déprimer et mettre un gros nuage noir au-dessus de tes attentes lorsque tu enfiles un masque pour mettre la tête sous l’eau, sache que, si nous continuons sur cette lancée, il ne restera bientôt plus rien à voir sous la surface. L’échéance approche et le décompte a commencé.
«Ces dernières années nous remarquons des modifications, notamment dues au réchauffement climatique. L’eau se réchauffe, ce qui génère certaines maladies et la migration d’espèces invasives qui arrivent du canal de Suez. Tout cela entraîne des dérèglements», explique Jean-José Filippi, docteur en biologie marine.
Sais-tu où se situe le canal de Suez ? En Égypte ! Il permet de relier la mer Méditerranée à la mer Rouge, qui elle-même est reliée à la mer d’Arabie puis à l’océan Indien si on avance encore un peu. En bref, au sud-est !
Autre constat alarmant : la mer Méditerranée détient le premier prix de la mer la plus polluée au monde. Hourra ! Nous n’avons pas de quoi être fiers. En cause ? Les milliers de tonnes de plastique qui s’y déversent chaque année.
Qu’il soit jeté en montagne, sur le trottoir, dans tes toilettes ou dans la rivière, n’aie crainte, ton déchet retrouvera malheureusement le chemin de la mer et se fera un plaisir de tuer un poisson, une tortue ou un dauphin.
Voilà. C’était le triste constat de la pollution en Méditerranée. De ta pollution, de la pollution de ton voisin, de ton camarade de classe, de notre pollution à tous. Cependant, parce qu’il y a tout de même du positif même dans les situations les plus critiques : certains se battent pour sauver ce qu’il reste à sauver. Pour protéger ce qu’il reste de beau !
C’est le cas du docteur Jean-José Filippi, qui, comme tu as pu le lire précédemment, est docteur en biologie marine à l’Université de Corse. Ainsi que de l’association Mare Vivu à Bastia. N’oublie pas que toi aussi tu peux œuvrer en faisant le tri et en mettant un point d’honneur à ne pas jeter tes déchets n’importe où.
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Les baleines sont aussi importantes que les arbres pour la planète ?
Tu as très probablement entendu parler des arbres qui aident dans la lutte contre le réchauffement climatique en absorbant une partie considérable de dioxyde de carbone (CO2) ? En gros, ils stockent le carbone, principal responsable de ce réchauffement. Mais savais-tu que les baleines ont un rôle aussi important ?
Alors non, elles ne stockent pas vraiment de carbone, mais, en remontant à la surface, leurs excréments nourrissent les phytoplanctons qui eux, produisent une grande partie de l’oxygène de la planète et absorbent également une quantité considérable de carbone ! Fascinant !
Du coup, les baleines, en se nourrissant de phytoplancton, contribuent également, indirectement, au stockage de ce carbone. Comme les arbres ! Comme quoi, chaque être, du plus gros au plus microscopique, a son importance !
Pollution aux médias filtrants
Est-ce que tu as déjà entendu parler des biomédias ou médias filtrants ? Ces petites sphères d’environ deux centimètres de diamètre que tu peux retrouver, en nombre, sur l’ensemble du littoral ?
Non, il ne s’agit pas de petits coquillages atypiques mais bel et bien du plastique. « Ce sont des filtres utilisés dans les stations d’épuration qui ont été rejetés dans l’eau. On en retrouve par milliers ces derniers mois », indique Mélissa Zanetti, responsable communication au sein de l’association Mare Vivu à Bastia.
Concrètement, ces petits objets alvéolés servent à rendre les stations d’épuration moins coûteuses et plus responsables en filtrant plus efficacement les eaux usées.
Alors pourquoi est-ce que nous en retrouvons partout ? Pourquoi polluent-ils alors qu’ils sont censés contribuer à la protection de l’environnement ? Pour plusieurs raisons. Ça peut être dû à un mauvais entretien de la station, à un matériel défaillant ou encore à de fortes pluies faisant déborder les bassins filtrants. Comme quoi, du matériel efficace peut faire encore plus de mal sans la bonne volonté de l’Homme.
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Protection, prévention, associations
Tu penses qu’il y a beaucoup de travail pour protéger une telle étendue d’eau ? N’aie crainte, de nombreuses associations œuvrent pour compenser le manque de civisme des uns et des autres. Tu peux toi aussi t’engager !
Connais-tu Mare Vivu à Bastia ? Protection marine Capi Corsu (PMCC) dans le cap ? I Sbuleca mare à Lumio ? Global earth keeper dans l’extrême-sud de l’île ? Ce sont des associations qui protègent la mer et le littoral insulaire.
Si tu souhaites mettre la main à la pâte, tu n’es donc pas seul. L’association Mare Vivu, par exemple, a été créée en 2016 par deux jeunes étudiants corses du Cap et organise de nombreux événements comme des nettoyages de plage ou l’annuel CorseSeaCare.
Une véritable mission scientifique qui consiste à parcourir pendant un mois les 1 000 km de côtes corses en kayak à voile pour récolter de nombreuses données.
Entre ramassage de déchets et sensibilisation, la quinzaine de membres de l’association retrousse ses manches : « On cherche d’où vient cette pollution pour lutter contre. En février, on avait fait une collecte de déchets à la Marana et on en avait collecté des tonnes et des tonnes », précise Mélissa Zanetti, responsable communication au sein de l’association Mare Vivu à Bastia.
Mais pas que ! « Pierre-Ange, un membre co-fondateur, se déplace auprès des lycéens pour le Liceu Verde au lycée Giocante de Casabianca à Bastia. En gros l’événement consiste à ce que l’association accompagne des éco-délégués pour mettre en place des actions environnementales dans leur lycée », souligne Mélissa.
Des associations pour la protection et la lutte contre les déchets, certes, mais savais-tu que certaines personnes agissaient pour la protection et l’étude des cétacés ? C’est le cas de l’association Cari (association de recherche insulaire).
Si par exemple tu trouves un dauphin ou un requin échoué, comme ce fut le cas à Porto-Vecchio mi-avril, il faut les contacter et ils s’occuperont de prendre les mensurations, les photos, les prélèvements, puis de prévenir les communes qui sont responsables de l’élimination de la carcasse.
« Je me suis également formée sur les tortues marines car, en analysant le contenu de leur tube digestif, elles sont indicatrices des pollutions plastiques en Méditerranée », explique Cathy Cesarini de l’association Cari. Comme quoi, peu importe ce que tu aimes, il n’y a pas d’âge pour participer à la protection de la mer, de notre mer, de ta mer.
Association Mare Vivu : mare-vivu.org / Association PMCC : pmcc.centuri@gmail.fr / I Sbuleca mare : 06.80.41.67.23 / Association Cari sur Facebook