C’est un cauchemar pour le monde de la protection animale – face à l’absence de demande en viande de baleine, le gouvernement norvégien dispose d’un moyen infâme et pervers lui permettant de maintenir ces chasses cruelles et inutiles.
Alors que l’industrie baleinière norvégienne se prépare à entamer la saison de 2019 de chasse à la baleine, faisons à nouveau le point sur les activités qui sont largement et fermement condamnées, tant sur le plan du bien-être animal que sur le plan écologique. Face à un marché de la viande boudé par les consommateurs, la chasse à la baleine de Minke, subventionnée par le gouvernement norvégien, est désormais principalement destinée au secteur de l’alimentation animale et à l’exportation vers le Japon. L’EIA (Environmental Investigation Agency) et l’AWI (Animal Welfare Institute) ont récemment rendu publics des documents qui dévoilent que des fermes à fourrure norvégiennes ont nourri leurs animaux avec de la viande de baleine de Minke.
En 2014, plus de 113 tonnes de viande de baleine (correspondant à une quantité de viande commercialisable provenant de 75 baleines de Minke) ont été livrées à l’entreprise Rogaland Pelsdyrfôrlaget, le plus grand fabricant de nourriture destinée aux animaux du secteur de l’industrie de la fourrure en Norvège.
Les associations et ONG demandent la fin de la chasse à la baleine en Norvège. Jusqu’à 880 baleines de Minke seront abattues cette année, malgré la baisse de la demande en viande de baleine dans le pays. Dans le passé, en Norvège, les invendus de chair ou de graisse de baleine étaient utilisés par l’industrie alimentaire pour animaux de compagnie, jetés à la mer ou encore brûlés.
« La chasse à la baleine est par nature cruelle, et n’a pas sa place dans une société civilisée », déclare Susan Millward, la directrice générale de l’AWI. « Tuer ces êtres fascinants et sensibles pour nourrir des animaux qui souffrent dans des fermes à fourrure explique pourquoi le monde entier s’oppose à la chasse à la baleine, et prouve purement et simplement que les Norvégiens n’ont aucun besoin légitime de viande de baleine ».
En Norvège, cette chasse est ardemment soutenue par le gouvernement, et est pratiquée dans le cadre d’une objection au moratoire de 1982 sur la chasse commerciale à la baleine adopté par la Commission Baleinière Internationale (CBI). Le quota auto-alloué de 2016 – qui devait se situer aux alentours de 880 baleines (contre 1 286 en 2015) – a été fixé par le gouvernement norvégien à l’aide d’un calcul que les scientifiques de la CBI ont jugé « inadéquat » en termes de performance de conservation. Il ignore une résolution de la CBI de 2001 appelant la Norvège à cesser toute activité de chasse à la baleine et de commerce de produits dérivés.
Depuis 2012, la Norvège tue chaque année plus de baleines que n’importe quelle autre nation et, au cours des deux dernières années, elle en a tué plus que l’Islande et le Japon réunis. Elle a également augmenté ses exportations de produits dérivés de baleines, en dépit d’une interdiction internationale de ce type de commerce – expédiant 172 tonnes de viande et de graisse au Japon depuis 2014.
L’obtention de documents supplémentaires a permis de dévoiler que des contrôleurs de Kyodo Senpaku, la société japonaise gestionnaire des campagnes de chasse scientifique à la baleine, ont accompagné un certain nombre d’excursions de chasse à la baleine en Norvège – probablement en vue de dissiper les inquiétudes concernant une éventuelle contamination de cette viande exportée au Japon.
« La chasse commerciale à la baleine en Norvège constitue une violation du moratoire adopté par la communauté internationale, et elle s’y poursuit malgré la baisse drastique de la demande en produits dérivés de la baleine », explique Jennifer Lonsdale, directrice de l’EIA. « La quantité croissante de produits dérivés exportés de la Norvège vers le Japon, et l’utilisation des baleines pour nourrir une industrie de la fourrure toute aussi cruelle et controversée sont inacceptables. Il est temps que la Norvège mette fin à cette chasse commerciale ».
En 2015, la Norvège a respectivement exporté 258 et 1 000 tonnes de peaux de renards et de visons vers l’Union Européenne, la majorité étant importée par le Danemark et la Finlande.
L’EIA et l’AWI s’associent à l’organisation OceanCare, située en Suisse, et à l’organisation allemande Pro Wildife pour exhorter les pays membres de la CBI à prendre des mesures à l’encontre de la Norvège concernant l’escalade de ses activités de chasse baleinière et de commerce des produits dérivés.
© Traduction française par David Delpouy pour Réseau-Cétacés
Article original publié le 28 janvier 2019 sur le site du EcoHustler Online Magazine
Photo de une : Pixabay