SHERBROOKE – Malgré la pandémie mondiale, les préparatifs visant à faire de Port Hilford, en Amérique du Nord, le premier sanctuaire public pour les bélugas « progressent », confirment les organisateurs du projet établis en Californie.

Un rapport a été adressé la semaine dernière à la municipalité du district de St. Mary’s par Charles Vinick, directeur exécutif du Whale Sanctuary Project (WSP). Il annonce la création d’une page Facebook locale, « dans les prochains jours », et l’éventualité d’ouvrir un centre d’information dans la rue principale de Sherbrooke afin d’« entamer un dialogue ».

La nouvelle survient alors que l’inexorable propagation du COVID-19, et les mesures de quarantaine et de confinement qui en découlent, continuent de saper les initiatives économiques dans une grande partie du monde.

« Nous mettons sur pied la structure pour aller de l’avant aussi activement que possible », a déclaré Charles Vinick.

Stephen Flemming, directeur exécutif du Sherbrooke Village Museum et figure de proue dans l’effort de création dans la région d’un sanctuaire pour les cétacés, a déclaré que le projet « est une aubaine pour la communauté. Beaucoup de gens sont ravis de faire partie de cette nouvelle initiative, et attendent avec impatience l’occasion de s’impliquer et de contribuer à lui donner forme. Personnellement, j’ai hâte d’entendre toutes les bonnes idées de notre communauté. »

Charles Vinick ajoute :

« Nous avons débuté les analyses environnementales à Port Hilford sous la direction de notre chercheur analyste de Nouvelle-Écosse, le Dr. Amanda Babin. Sur l’application Zoom, nous entrons en contact avec des scientifiques et des chercheurs de la Nouvelle-Écosse pour connaître leurs interrogations et leur demander conseil. Nous sommes sollicités par de nombreuses personnes proposant leurs compétences et leur aide, et nous faisons notre possible pour organiser avec eux les premiers entretiens, par téléphone et Internet. » 

Depuis le début de la pandémie, les responsables du WSP ont sollicité les  médias traditionnels et sociaux pour faire connaître à l’échelle internationale le rôle clé de Port Hilford dans le projet. Plus tôt ce mois-ci, la présidente de l’organisation, Lori Marino, neuroscientifique et comportementaliste, a déclaré à Marcia Sivek, animatrice de BeProvided Conservation Radio, un podcast de la région de San Francisco:

« Dès le départ, ils (les habitants de Port Hilford et de la région de Sherbrooke) ont été des supporters et des promoteurs enthousiastes. Sans eux, nous n’en serions pas là. »

Le populaire podcast BeProvided est diffusé par le réseau iHeartRadio qui siège à New York. Il se définit comme la « plate-forme de radio de diffusion en continu numéro 1, avec six fois l’écoute numérique de la deuxième plus grande société de radio de diffusion commerciale » aux États-Unis.

Dans son entretien avec Marcia Sivek, Lori Marino a déclaré :

« Je pense aussi qu’on se doit d’adresser un message chaleureux aux pêcheurs qui gagnent leur vie dans la région. Ils ont été formidables et nous ont acceptés à bord de leurs bateaux. Ils comprennent l’opportunité et l’importance du projet. Et nous veillons à nous assurer que tout se passera bien pour eux quand tout sera achevé à Port Hilford. » 

Lori Marino ajoute :

« Nous avons conçu ou imaginé un site susceptible d’accueillir huit bélugas, et peut-être deux ou trois épaulards s’ils sont mis à disposition – bien sûr, ils seraient séparés. Notre enclos sera au moins trois cent fois plus volumineux que le plus grand bassin de n’importe quel parc marin. Cela permettra aux animaux de nager non seulement en ligne droite, mais surtout comme bon leur semble, et de rejoindre les différentes extrémités du sanctuaire. »   

Le sanctuaire sera également ouvert au grand public, a-t-elle déclaré.

« Nous aurons un centre de découverte sur place. Ce ne sera pas le genre d’endroit où l’on vendra des billets et où les visiteurs afflueront. »

En février, après avoir passé trois années à parcourir jusqu’à cent sites dans l’État de Washington, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse, le WSP a choisi Port Hilford, à la fois pour sa combinaison de caractéristiques physiques et environnementales (conditions du fond marin, marées et courants, et impacts potentiels de la faune locale) et pour ses habitants.

Lori Marino souligne que cette combinaison est particulièrement importante. Cette initiative est en effet la première sur le continent concernant les cétacés retirés des structures de divertissement, ou secourus dans l’océan, et nécessitant une réhabilitation ou des soins permanents.

« Ce que nous pouvons faire, c’est fournir un modèle transparent susceptible d’aider quiconque à la création de ce type de sanctuaires à travers le monde », a-t-elle déclaré.

On peut également espérer des retombées économiques tangibles pour la région de Sherbrooke. Le WSP couvrira le coût estimé à 20 millions de dollars des frais de lancement et d’exploitation de l’infrastructure. En plus d’un centre d’accueil, d’un sentier de découverte de la nature et de sites d’observation, le sanctuaire travaillera avec les écoles et les musées pour offrir des programmes éducatifs sur les cétacés du sanctuaire et leurs congénères en milieu sauvage.

Dans sa lettre de la semaine dernière, Charles Vinick a déclaré que si « certaines réunions pouvaient attendre, dans l’intervalle – avec nos dirigeants locaux Stephen Flemming, Jamie Anderson, Amy Simon, et tant d’autres, en particulier les pêcheurs – nous serons en mesure de communiquer avec vous tous. S’il vous plaît, n’hésitez pas à me contacter. »

Traduction par David Delpouy, pour Réseau-Cétacés, d’un article d’Alec Bruce – publié le 29 avril 2020 – sur le site du média canadien Guysborough Journal.
Vidéo de une : Whale Sanctuary Project

Note de Réseau-Cétacés : 

Le « Whale Sanctuary Project » n’est pas le premier sanctuaire à accueillir des bélugas issus de l’industrie de la captivité.

En effet, en mars 2019, Sea Life Trust a créé un sanctuaire pour bélugas (le premier au monde) en Islande afin d’accueillir Little Grey et Little White, deux bélugas qui étaient retenus captifs au Changfeng Ocean World, à Shanghai (Chine).

Depuis, leur transfert a eu lieu (fin juin 2019). Little Grey et Little White ont eu besoin d’un temps d’adaptation pour se remettre du long voyage entre la Chine et l’Islande.

Aux dernières nouvelles (mise à jour du 04/05/2020), les deux bélugas vont bien et devraient être transférés du bassin de quarantaine au sanctuaire, au cours du printemps 2020.

En savoir plus sur ce sanctuaire :

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